His ’n’ Hers
7.7
His ’n’ Hers

Album de Pulp (1994)

Je ne sais pas vraiment ce que je préfère chez Pulp, son habilité à transformer de petites chansonnettes mignounettes en diatribe d'obsédé sexuel ou sa capacité à changer miraculeusement de vieilles diatribes d'obsédés sexuels en grandes plaintes romantiques...

Quoiqu'il en soit, Pulp est l'un des rares groupes auxquels j'accorde autant d'importance aux paroles qu'à la musique, qui forment un tout indissociable. Et pour être tout à fait honnête, Il n'y a bien que Nick Cave et Peter Gabriel qui ont cet honneur. (Oui oui, même chez Cohen et Dylan, les textes restent dans un second plan non négligeable.) Mais il faut avouer que le propos de His 'N Hers reste tout de même bien moins élaboré que celui de Different Class, qui ajoutera une dimension sociale et une profondeur dans les personnages. Cependant, ne vous fiez pas aux apparences, nous n'avons certainement pas là des chansons d'amours classiques, ou de simples amours frustrés comme chez les Smiths.

En fait, ici, ça pullule de vrais salauds, de formidables connards, ou d'idiots de première ! Prenez Lipgloss, la chanson suit le schéma classique du triangle amoureux utilisé dans de nombreuses chanson du Pulp : il y a Moi, Lui et Elle. Lui se dit "Oh, je vais jeter Elle comme une petite merde", elle se dit "Je vais chercher tous les moyens stupides pour reconquérir Lui", Moi, le narrateur frustré, raconte tranquillement l'histoire l'air de dire : "TU NE RECONQUERRA JAMAIS LUI ! JAMAIS ! PETITE CONNE !". Résultats des courses : pas un pour rattraper l'autre. Jamais vous ne pourrez avoir une petite once de sympathie pour un personnage de Jarvis Cocker, tellement tout est rempli d'un cynisme à toute épreuve. En effet, vous aurez du mal à vous identifiez à l'homme criant :

"I don't know why you pretend that it causes you pain
When you know very well you're going to do it again.
YOU'RE GOING TO DO IT AGAIN
AND AGAIN AND AGAIN AND AGAIN !"

Et pourtant ces personnages nous ressemblent plus que n'importe qui...

Le tout est mélangé à cette pop luxuriante, gentillette, et si entraînante. En première place, "Do You Remember The First Time". Cette voix de crooner ridicule dans dans les couplets, tellement anéantie par ce refrain "I CAN'T REMEMBER A WORST TIME". En seconde place : "Babies", et sa mélodie tellement stupide, pour raconter cette histoire de voyeurisme exacerbée entre-coupée par ce refrain digne des plus grands psychopathes : "I want take you home ! I want give you children ! You might be my girlfriend !".


Il faut un certain temps pour réussir à rentrer dans cet univers. Mais je vous assure qu'il est unique.
Erw
8
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le 3 juin 2013

Modifiée

le 16 juin 2013

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