Real Life
7.7
Real Life

Album de Magazine (1978)


  1. La tournée Ricaine des Pistols a laissé des traces dans les esprits et au creux des bras de l'ami Sid. Johnny Rotten décide de lâcher l'affaire et redevient John Lydon, les Pistols ne sont plus, le Punk Anglais est enfin libéré.
    L'ombre envahissante des provocants Pistolets s'efface doucement dans le ciel de la Perfide Albion. La myriade de petits groupes traînant leurs épingles à nourrice rouillées et leur crête collée à la binouze sur les trottoirs crasseux de London City se retrouvent orphelins, sans ligne directrice claire après le Big Bang "Sex Pistols" qui ébranla le petit monde de l'Underground Londonien.
    La maman est partie, les oisillons doivent impérativement voler de leurs propres ailes.
    C'est le moment que choisissent les cinq membres du groupe Magazine pour sortir leur premier album: Real Life.
    C'est à un certain Howard Devoto (co-fondateur du mythique Buzzcocks, parti avant l'enregistrement du premier album) épaulé par le guitariste et saxophoniste John McGeoch (Futur Visage, Siouxsie and the Banshees et Public Image Limited ) que l'on doit la naissance de l'un des groupes les plus influents de la scène Post-Punk Britannique.


Devoto et McGeoch (et quelques autres) vont entamer la grande mutation du Punk sauce Rosbeef et tenter de faire grandir ce mouvement adolescent, spontané et turbulent.
Le bruit et la fureur des prémices, la violence des guitares et les stridences vocales semblent derrière dorénavant, comme l'écho pas si lointain d'une jeunesse tourmentée.
Devoto lorgne sournoisement vers l'ennemi déclaré des Punks (Souvenez vous du tee-shirt "I Hate Pink Floyd" de Rotten), l'ennemi de la spontanéité, la musique des adultes: Le Rock Progressif.
Le Punk "s'esthétise", se rallonge et demande à ses musiciens de savoir enchaîner trois accords (Un comble !). Toute une frange du Punk (Television, The Wire, XTC ou Père Ubu...) se décide à passer tant bien que mal dans l'âge adulte.
Le Punk travaille dorénavant ses textes, soigne ses arrangements, fout du Biactol sur ses boutons d’acné et rase son vilain duvet.
L'ado mue, mute, s'interroge, raisonne son caractère entier et calme ses hormones. L'immédiat après-Punk se pose des questions. Des questions sur lui-même. Son introspection se veut plus mature, plus sombre aussi, plus angoissée.


Real Life ne renie en rien ses racines Punk avec le morceau Recoil ou le plus travaillé et "tubesque" Shot By Both Sides. Mais Bowie est passé par là et laisse tomber sur la planète Rock "The Idiot" (avec Iggy) et "Heroes" qui vont interroger les oreilles des Punks et accélérer leur évolution.
Quelque chose se passe dans cet album, quelque chose se crée. La mutation du style est à l'oeuvre.
Le Post-Punk (New Wave, Cold Wave...) se modèle au fil des chansons étranges, prend forme derrière les oripeaux crasseux du Punk.
Improvisations Rock Prog', Brillance Glam, nervosité Punk tout s'entremêlent avec une cohérence inédite. Même la formidable valse Psychédélique et désarticulée The Great Beautician In The Sky parvient à trouver sa place dans ce drôle de disque.
L'après-Punk tant redouté se révèle riche et foisonnant.


Devoto et son Magazine rentrent tête baissée dans ce monde inconnu qu'est encore le Post-Punk. Comme des gamins dissipés et surdoués, avides de nouveautés, ils grimpent sur les épaules du Punk pour essayer de voir plus loin, pour tenter d'attraper les fruits juteux et savoureux derrière les grilles acérées de la modernité, sans trop se blesser.
Un groupe en retrait, moins médiatisé que Talking Heads ou Joy Division mais d'une influence majeure sur les différents courants de ce Post-Punk encore balbutiant.



  1. Real Life vient de sortir. Les années 80 peuvent commencer.


Parade


ou


definitive gaze

Ze_Big_Nowhere
9
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes ♪♫...ZBN 2 . La bafouille Pop-Rock !...♫♪.............et Punk !..et Blues !..et Métal !..et Rap !..et Bossa ! et Criptyques Musicales

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le 13 févr. 2016

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Ze Big Nowhere

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