elephant
7.5
elephant

Album de Dag Rosenqvist (2016)

La mort ne s'annonce pas, elle ébranle le monde en un éclair et laisse vide et silence derrière elle. Tout le génie de elephant est de réussir dans le rapprochement de contraires complémentaires à matérialiser cette sensation jusque dans la chair, à la limite du malaise, dans un échange constant entre l'obscurité et la lumière, le vide et le plein, l'espoir et la fatalité, l'existence et la mort. Peu importe les genres, Dag Rosenqvist transforme ses matières sonores en présences palpables, vivantes. La noise en particulier, se caractérise ici comme une puissance qui fait vaciller l'être : celui-ci est ébranlé, atteint dans son immunité, voir il chute dans le néant et disparaît.


L'album te fait clairement pressentir dés le premier morceau que quelque chose de rampant se cache derrière les mélodies caressantes et rondes . Ça fait d'abord miroiter une sorte d'apaisement ambient, jusqu'à ce qu'un rythme sourd et entêtant pointe le bout de son nez et s'installe confortablement, une sorte de marche vers l'espoir ou un truc dans l'idée. Sauf que le programme plante, et l'espoir se pique de moisissures.


Celui-ci revient tout frais dans le morceau qui suit ; le mal est toujours là, mais la lumière vaincra les ténèbres comme disent les autres. Après ça vient un petit interlude de chœurs effacés et fébriles, mais profonds et rassurants. Le mal est loin maintenant, les cieux chantent et nous purgent de nos blessures.


Et pourtant, tout s'inverse en quelques secondes, le temps d'un silence : une mélodie caverneuse, macabre, râle des profondeurs du monde. Ce ne sont plus les cieux qui chantent mais les enfers. Doucement monte un vent fétide, et le mal se répand dans l'air, sous la peau. Une crevasse béante déchire alors la terre, c'est l'abîme qui te regarde dans les yeux et te hurle la détresse des damnés à la face. Et là tu le sens dans tes tripes, ce mal sans nom.

Waltari
9
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le 2 sept. 2016

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Waltari

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