Aussi réputé qu'il peut l'être par les lecteurs de comics, John Constantine n'avait pas encore eu la chance d'avoir une visibilité en version française digne de ce nom.
Panini a tenté des choses, Urban a sorti la mini illustré par Sean Murphy mais rien de tout cela n'était réellement notable comparativement au succès d'estime qu'on donne à ce personnage.

Il aura donc fallu attendre cet ouvrage pour découvrir ce bon vieux exorciste sous son meilleur jour ( ou en tout cas, un jour radieux pour apprendre à le connaître ).
John Constantine est irascible , il fume comme un pompier , boit comme un trou et jure comme charretier.
Quand on décrit un tel personnage, on pense tout de suite à Garth Ennis et il paraît presqu'évident de commencer la série par ce biais là ( même si ce n'est pas le début de la série mais comme il faut donner toute ses chances à l'oeuvre autant y mettre un nom connu et qui permettra , si succès il y a, de découvrir l'avant et l'après )
Et puis surtout, ça reste très lisible même sans en savoir plus sur le personnage donc ne vous donnez pas cette excuse , vous le regretteriez.

Pour le reste, c'est du Garth Ennis des débuts ( avant Preacher ) qui n'use pas encore (voire abuse) de ses tics et facilités d'écriture.
Même si ça reste totalement irrévérencieux, le scénariste irlandais sait aussi faire preuve de finesse et surtout d'émotion et ça, c'est franchement agréable.
Il faut dire que l'arc commence très fort : Constantine vient d'apprendre qu'il est atteint du cancer.
On oublie , pour un temps, les exorcismes et on suit le trajet d'un homme qui ne veut pas mourir.
Car le gars est tenace, il a des relations et même si une bonne partie le déteste, il est prêt à tenter le tout pour le tout.
C'est sûrement ce qui est le plus intéressant dans ce volume.
Au fond, la partie fantastique ne sert que de prétexte ou de décorum pour suivre le parcours d'un homme malade (puis d'un homme amoureux) qui arrive au bout du chemin et qui sait qu'il devra rendre des comptes.
Garth Ennis réussi à rendre certaines scènes très fortes. je pense aux divers discussions avec son pote cancéreux ou le fameux chapitre où il se prépare à dire adieux aux rares proches qu'il a encore autour de lui.
Attention, je rassures ses fans.
Ennis était déjà friand de punch line acides et méchantes donnant à l'ensemble le cynisme adéquat pour ne pas tomber dans le désespoir intégral.

Malgré les qualités indéniables d'écritures, je me demande si les lecteurs ne seront pas arrêtés par le dessin qu'ils jugeront ( à tord ou à raison ) vieillot, le tout étant en plus accompagné de couleurs fadasses.
Moi même , en feuilletant l'album chez mon libraire, j'ai hésité.
Pourtant William Simpson ne ménage pas sa peine.
En creusant un peu plus, on se rend compte que son trait réaliste et sombre colle parfaitement à l'ambiance.
Il n'est, malheureusement, pas aidé par la valse des encreurs dont certains dénaturent totalement ses crayonnés au point qu'on a l'impression de ne pas avoir à faire au même dessinateur.
Pour l'anecdote , Simpson dessine toujours et est en charge en ce moment des story board de "Game Of throne"
(sacré évolution de carrière ).
En Fill In, on notera le chapitre dessiné par un Steve Dillon en pleine maturation.
C'est lui qui reprendra le flambeau par la suite et il faut s'attendre à une osmose créatrice, prémices à leur futur "Preacher".

Hellblazer est une oeuvre remarquable .
Violente, drôle et en même temps assez touchante, elle fait vibrer son lecteur comme peu de comics n'arrivent à le faire.
Il faudra seulement se donner la peine de passer la barrière du graphisme qui risque aux premiers abords de réfreiner l'envie mais qui petit à petit se fera oublier au profit de l'histoire mise en scène par un Garth Ennis au top de sa forme.
Stephane_Hob_Ga
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le 4 mars 2015

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