Difficile en effet de trouver un titre qui résume cette BD en un seul mot. En panne d'inspiration, j'ai donc joué la carte "jeu-de-mots". Si je devais tout de même m'y résoudre, je pense que je qualifierais cette œuvre de délirante avant tout.


Délirante dans ses bons comme dans ses mauvais côtés. Une imagination débordante des deux auteurs, visible à chaque case, qui apporte des situations variées, colorées, touffues et surprenantes. Le problème c'est que Jodorowsky n'a pas su canaliser son imagination et nous propose une narration complètement folle et déstructurée. Ça part dans tous les sens, on a pas la temps de vraiment s'attacher aux personnages ou de s'impliquer dans leurs aventures tant le récit semble désorienté. Trop de portes ouvertes nous empêchent d'y voir clair et de comprendre le monde fictionnel qui nous est proposé.


De plus, les dialogues m'ont parus très limités. L'utilisation à outrance de mots pseudo-galactico-néo-inventifs finit par lasser. Parfois drôle, souvent lourd. C'était surement très moderne en 1980, aujourd'hui c'est limite ringard.
Le scénario lui-même, le rôle des personnages et la symbolique de l'Incal ne sont pas assez construits ou profonds pour tenir la distance. John Difool reste piteusement basique. C'est bon, après deux album on a compris qu'il aimait le ouiski et les homéo-putes.


Pour les bons côtés, une créativité sans limite qui permet à Moebius de s'éclater avec des planches sublimes. Véritables fresques, elles valent à elles seules la lecture de l'Incal. Magnifiques de détails et de couleurs, les multiples paysages ne lassent pas.
Certains passages restent très bons et font regretter le manque de structure globale de la BD tant on sent que ça aurait pu être vraiment bien. Par exemple, le monde des ordures ou la planète pleine de Difool sont des instants magiques qui permettent une vision intéressante d'une société fictive. Finalement, c'est surtout ça le problème. La science-fiction est géniale quand elle propose une réalité alternative crédible et intéressante. Dans l'Incal, de nombreux éléments sont là mais il manque ce liant qui fait tout l'intérêt d'une bonne œuvre de science-fiction.


Reste ces superbes planches, quelques délires qui valent le coup et un rythme effréné. Des qualités qui font que je peux facilement me mettre à la place de ceux qui avaient 12 ans lors de la sortie du premier album et en gardent un souvenir émerveillé. Pas indispensable mais à lire, assurément.

Misaki21
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le 10 nov. 2013

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