Dieu ait son âme! Mais c'était un rude coquin. (Tintin apprenant le suicide de Mitsuhirato)

Le quatrième album de Tintin marque une évolution dans la série. Le récit est beaucoup moins abracadabrantesque que les 3 précédents, les Dupondt sont toujours de la partie pour apporter une note d'humour quand Tintin devient trop sérieux, l'auteur a enfin compris qu'il fallait se documenter avant de pondre une histoire se passant dans un autre pays.

Néanmoins l'album comporte sa part de défaut: le récit est toujours trop dense, on ne profite toujours pas de l'intensité d'une scène tant elle est courte (puisqu'elle doit vite faire place à la prochaine péripétie), ce qui est frustrant!

L'histoire comporte également quelques incohérences et autres facilités dont seul Hergé a le secret (on parlera alors de surréalisme...). Le montage en parallèle, qui était tellement aboutit dans le sceptre d'Ottokar, agace ici. Surtout avec les tirades de texte qu'Hergé prend soin d'écrire en tout pitit pitit pour être sûr de bien nous pulvériser la rétine.

Le plus dur à avaler c'est que Hergé fasse la leçon à tout le monde en relevant les stéréotypes et autre à priori de la part des européens... le même bonhomme qui a fait "Tintin au Congo", "Tintin en Amérique" et "Tintin et le cigare des pharaons". Quand on pond 3 albums aussi racistes (bon ok cigare des pharaons ça allait) on ne se permet pas de la ramener parce qu'ENFIN après avoir reçu de nombreuses lettres de mécontentements, on se décide à affiner ses recherches.. chose qu'il ne fera d'ailleurs pas aussi bien par la suite systématiquement.

Ce qui est toujours incroyable c'est la façon dont Tintin arrive à devenir le pire ennemi des méchants juste en se présentant à eux (attention un jeune reporter est là , il faut s'en débarrasser sinon il va tout ficher en l'air... après qu'il ait posé une question). Peut être que si les méchants ne cherchaient pas à le supprimer ou à le dissuader, ils auraient la route libre pour commettre leurs crimes (je me demande si Tintin conserve toutes les notes lui disant de ne pas se mêler de tel ou tel crime dans un beau classeur intitulé: j'emmerde le monde) ? C'est en partie ça qui rend Tintin certainement inconsistant. Il n'a aucun désir, aucune obsession, il est juste une machine à résoudre les problèmes quand ils se présentent devant lui (et c'est ce qui rendra Haddock si intéressant).

Graphiquement Hergé se surpasse. Ayant certainement une documentation photographique sous la main, il n'hésite pas à nous dessiner de belles cases sans textes qui seraient du plus bel effet si tirées en posters!

Bref un Album toujours mieux que ses précédents mais qui apporte son lot d'ennuis lors de la lecture.