Franquin se fait ses armes. "Spirou et les héritiers" n'est franchement pas génial en tant que récit graphique, mais il intéresse surtout pour l'évolution flagrante de son auteur au fil des pages.

Le scénario, pour la première fois, sonne comme une vraie aventure. En fixant un objectif aussi clair, Franquin se structure, il sait alors où il va, nous aussi. Après, ça reste un peu trop linéaire, ce qui donne l'impression, au final, d'avoir trois histoires en une. Ça manque d'unité par conséquence. Les personnages sont bien écrits, on retrouve avec joie le duo comique de Spirou et Fantasio, Spirou qui est se fâche très facilement, et Fantasio qui fait son clown triste ; Zantafio, véritable ordure sans état d'âme que Franquin trahit à la fin de l'album (franchement, quelle résolution facile et incohérente). Comme dans les albums précédents, Franquin écrit là un récit qui va lui permettre de jouer sur le mouvement, la vitesse, l'espace. Précisons également que la fin est un peu malsaine dans le sens où la conclusion est que Spirou et Fantasio ont capturé un bel animal et l'ont fourré dans un zoo... Heureusement, und ialogue final vient faire ressortir les convictions de l'auteur, déjà protecteur des animaux.

Graphiquement, premier gros changement, Franquin propose des pages nettement plus aérées avec le plus souvent 8 vignettes par planche. Cela a plusieurs conséquences. D'abord un rythme de lecture plus rapide, plus fluide, ensuite un graphisme un peu plus léché. On sent d'ailleurs l'auteur un peu dépassé dans les premières planches puisqu'il évite au maximum les décors à construire. Au fil de spages, il viendra en ajouter et au final ses dernières pages sont très complètes.

Les personnages ne sont pas toujours bien proportionnés, mais globalement ça fonctionne, on ne remarque que très peu les différences d'une case à l'autre, ce qui montre une solide maîtrise déjà dans son encrage. Toujours inspiré par le cinéma, Franquin se débrouille pour amener un découpage assez réussi dans les scènes d'action. On pourra regretter un manque de variété dans les plans, mais la lisibilité de l'action n'en pâtit pas. Enfin, il y a toujours ce côté épuré à l'Américaine dans la façon de représenter un personnage : les arrondis, les lignes droites, les plis de vêtements simplifiés...

Bref, "Spirou et les héritiers" n'offre pas grand chose en terme de récit mais suffit à divertir ; de même le graphisme est encore un peu maladroit, amis Franquin s'affranchit au fil des pages et l'on arrive à une fin d'album assez bien menée.
Fatpooper
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le 14 sept. 2013

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