Nom d'une galette au beurre, c'est-y que je viens d'arriver à ma millième critique ! Par Imogène, je me dois de marquer le coup, en m'attardant sur un classique indétrônable du cinéma, un film de puta madre que même Saint Guirec en personne n'oserait remettre en cause. Après moult allers retours dans ma caverne à bluray gardée par mon fidèle cerbère Loïc, je décide de me poser devant "12 angry men" (traduit par "12 bonnets rouges sacrément remontés" dans ma verte vallée), summum du film démocrate s'il en est.

Tiré de la pièce de Reginald Rose, "12 hommes en colère" demeure encore aujourd'hui un film d'une maîtrise sidérante, aussi bien formellement que dramatiquement, la mise en scène de Sidney Lumet rendant parfaitement justice au scénario magistral de Rose lui-même, huis-clos palpitant au rythme soutenu et qui parvient à brasser une multitude de thèmes en une petite heure et demie et sans jamais se contenter de les survoler.

Mettant en scène de simples hommes dans une seule et même pièce, "12 hommes en colère" permet à Lumet de régler ses comptes avec le système encore en place, de pointer du doigt les failles béantes d'une justice laissant le sort de vies humaines entre les mains de citoyens lambdas à l'opinion toute faite et prêts à expédier une affaire complexe dans le simple but de retrouver leur petit confort et de passer à autre chose.

Mais le film de Lumet ne se contente pas d'être une charge féroce contre la société et un vibrant plaidoyer contre la peine de mort. Il est aussi et surtout une brillante étude sociologique, s'intéressant au phénomène de groupe et à ses répercutions sur tout un chacun, mettant bien en lumière le comportement de chaque personnage et son rôle (leader positif, leader négatif, dominant, dominé, influent, influençable...) que ce soit en tant que membre d'un groupe ou en tant qu'individu à part entière. Le but du film n'étant finalement pas de savoir si l'accusé est coupable ou non, mais bien d'observer ce qui va pousser chaque juré à penser telle ou telle chose.

Le film de Sidney Lumet en devient ainsi presque effrayant, démontrant par A + B qu'un homme seul, s'il est doté d'un sens oratoire exceptionnel et d'arguments solides, peut retourner une situation à son avantage et faire croire ce qu'il veut à son auditoire, l'amener à penser dans son sens et pourquoi pas dans son propre intérêt. Et ce n'est pas l'histoire qui donnera tort à Reginald Rose et à Lumet.

Bénéficiant d'une mise en scène totalement au service du récit et d'une distribution sans aucune fausse note dominée par un Henry Fonda impérial, "12 hommes en colère" est un pur chef-d'oeuvre du cinéma américain, une étude de caractère d'une densité rare doublée d'un regard contestataire sur son pays et d'une ode à la tolérance et aux secondes chances. Tout simplement grandiose.

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le 12 nov. 2013

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Gand-Alf

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