Ce qu'il y a de bien avec certains films, c'est qu'on ne sent pas qu'ils sont calibrés Oscars dès le départ : une "histoire vraie" horrible mais qui finit bien, un message politique unaniment acceptable et accepté, un casting flamboyant mettant en avant un acteur peu connu ou mésestimé à cause d'autres rôles... Et surtout, une narration extrêmement académique et quelques effets larmoyants faciles.

Je ne dénigre pas le fond de 12 years a slave, qui est réellement une histoire sordide d'un fait qui ne devrait jamais être divers. Mais quand même : doit-on en arriver là pour parler de la condition afro-américaine ? Je ne demande pas de la virulence comme Spike Lee, qui a néanmoins eu sa bonne époque de réflexion mature et posée ; je voudrais juste que l'on cesse avec les violons, que l'on arrête les scènes de tortures gratuites (les mêmes pour lesquelles on a blâmé la Passion du Christ de Mel Gibson) et le rythme volontairement lent, mou d'un scénario consensuel et extrêmement prévisible. Ce n'est pas rendre justice à un être humain ayant réellement vécu, c'est desservir la performance d'un joli casting (Fassbender et Ejiofor en tête) et c'est rappeler combien le vrai homme fort afro-américain d'Hollywood reste Sydney Poitier, qui savait faire réfléchir comme divertir avec des films importants.

Pas un mauvais film, non, juste ce qu'il faut de mauvaise conscience blanche sur la ségrégation, mais dans une formule datée et passablement indigeste aujourd'hui.
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le 17 août 2014

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