Chow est journaliste. L'écriture rapporte peu mais il aime ça. Ce dernier écrit alors des romans. Son premier, 2046, donne son titre au film en plus en conter le récit d'un homme faisant route vers un lieu inconnu où les souvenirs semblent rester figés dans le temps pour revivre une histoire d'amour. C'est un voyage intimiste vers le souvenir de l'être aimé que nous offre Wong Kar-wai, alternant une mise en image du roman et la vie sentimentale de Chow, purement et simplement.
En ce moment, je suis très science-fiction. Surtout celle qui évoque l'androïde, l'intelligence empruntée à l'homme et implantée dans la machine. Peut-être à cause de mes folles parties de Deus Ex : Human Revolution - Director's Cut, qui sait ?
Avouez qu'à ce stade de votre existence vous étiez à mille lieues d'entrevoir la possibilité qu'un jour un internaute aliéné évoque cet excellent jeu dans une critique de 2046.
J'ai donc beaucoup apprécié les séquences issues du roman d'anticipation qu’élabore le personnage principal. Dommage que le film soit si lent et ne raconte absolument rien au-delà de sa simple illustration. Les déboires sentimentaux d'un écrivain obsédé pourront certainement séduire un public plus ouvert. Sans pour autant avoir un cœur de pierre, j'avoue ne pas m'être identifié une seule seconde à Chow. Et ce même s'il vit dans les années 1960. Oui, cher tous : je suis kitsch. Je porte des chemises à carreaux et les sixties au pinacle.
Le journaliste, en revanche, s'identifie au héro de son roman, profitant de lui donner son passif ainsi que son caractère entreprenant. Ce n'est plus un personnage de fiction, c'est une part de lui-même sous un visage différent, qui tente de séduire les hôtesses artificielles d'un train qui ne va nulle part.
Je n'irai pas jusqu'à comparer le réalisateur hongkongais avec ce bon vieux provocateur de Gaspar Noé, toutefois le travail effectué sur 2046 esthétise le sexe, affole les sens et joue des émotions humaines pour mieux capter l'attention du spectateur. Encore une fois, l'on s'en détournerait bien pour mieux s'endormir sur un matelas moelleux, dans des draps de soie, l'esprit apaisé par un score élégant... mais tout de même !
Ce nonobstant, les chercheurs de claques esthétiques (qui ont comprit que le cinéma était, avant tout, un art visuel) trouveront ici leur bonheur tant la photographie détonne et resplendit dans la nuit pluvieuse. Bien que la mécanique des ralentis/accélérés me paraisse un poil surfaite, force est de constater que la magie du montage opère et accompagne le spectateur dans sa compréhension du récit. Ce qui rappelle qu'une bonne mise en scène fait bien plus que jeter de la poudre au yeux.
Ah oui ! Au cas ou vous comptiez me le demander : non, je ne parlerai pas de 2046 dans No Running In Corridors. Malgré son originalité, il n'est pas assez bizarre pour ce faire.