Sur un fil (ou plutôt, plusieurs fils).

Frustrée de ne pas avoir pu le visionner hier soir à une heure trop tardive, je me suis empressée de le regarder aujourd'hui en replay.
La néonatologie est un univers que j'ai découvert avec beaucoup d'étonnement cette année, et qui recèle encore beaucoup de mystères pour moi. Mais dans le cadre de ma formation (et c'est sûrement le travail que nous devons faire en dehors), voir ces 60 minutes de film en septembre m'aurait déjà permis de poser une grande partie des bases.


Ce documentaire est absolument essentiel, c'est un sujet qu'on aborde peu et pourtant, grand nombre d'entre nous y seront confrontés (pas forcément en temps que parents, mais dans notre entourage aussi). J'ai été choquée par certains mots des parents, et c'est bien pour ça qu'être préparé à ce "monde" (oui, c'est un monde véritablement) au préalable, semble être indispensable. On rencontre des mamans pleines de culpabilité, des papas qui se sentent exclus, des parents qui ne veulent pas s'attacher, des petits frères qu'on ne veut pas présenter, etc...


Dans ce documentaire, qui est pourtant assez synthétique, tant de choses sont dites et ce sans jamais tomber ni dans la démonstration ni dans le pathos. On y montre l'importance du peau-à-peau (premières sensations de liens de paternité ou maternité pour la plupart des parents), on y voit bien à quel point ce microcosme est à part, la difficulté pour les parents de toucher leur enfant et de le prendre dans leurs bras, difficulté à se détacher des machines et à se concentrer sur autre chose que le scope, à se sevrer de l'univers hospitalier, à considérer son bébé en temps qu'être humain. Et puis l'isolement (pas de faire-parts, pas de cadeaux, pas de visites) qu'on n'imagine pas tant qu'on ne l'a pas vécu, et qu'on voit assez peu ici mais qu'on devine (la tante dans le couloir, la présence des parents uniquement).


700 grammes de vie suit plusieurs enfants, de la naissance au retour à la maison de certains d'entre eux. Ces images sont une excellente illustration du caractère battant de ces petits êtres qui mènent un véritable combat de vie. L'importance de la parole, pour les parents certes mais surtout pour l'enfant, est frappante à l'image comme elle l'est dans les faits : une intonation, une phrase adressée, les réactions sont certes minimes voire même imperceptibles, mais elles sont là. Et c'est beau...


Un regard juste et percutant sur un univers de solitude entre la vie et la mort, qui, en plus de me donner foi en la voie que j'ai choisi, me donne très envie de découvrir les autres oeuvres de cette réalisatrice qui semble très engagée sur de nombreux terrains, et qui n'a pas fini de nous émerveiller.

emmanazoe

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