A chaud ma première réaction devant 99 Francs a été la suivante : Nom d'un p'tit bonhomme, qu'est-ce que c'est que ce film de bobo ?

Je m'attendais à tellement mieux... Une critique Made in France de la société de consommation, de l'individualisme, la description d'un monde publicitaire avili et dépravé... Je suis, ( SPOILER ! )comme Octave à la fin du film, tombée de très haut !

Octave, petit connard prétentieux pété de fric, fait des publicités pour ces gros moutons de consommateurs. Il appartient à cette catégorie d'êtres humains que l'on nomme les "connards" : il est suffisant, arrogant, détestable, débauché, et, comble du comble, il est RICHE (métier de publicitaire oblige). Il sent peu à peu le mal-être s'installer après avoir agi comme un enfoiré (qu'il est) avec l'amour de sa vie (enceinte) qui l'a abandonné. Voilà le point de départ. Ensuite, le réalisateur envisage deux fins possibles.
Dans la première, Octave, rongé par le remord (il cause le suicide de sa petite chérie tout de même !) va se lancer dans une spirale d'auto-destruction. Pauvre petit garçon riche, il faudrait te plaindre ? Il passe cette partie du film à se positionner en tant que victime. Les références christiques sont d'ailleurs assez évidentes : il a trente-trois ans, il se fait des virées sex drug and rock'n'roll pour s'immoler sur l'autel de la société de consommation pour le salut ... de qui d'ailleurs ? L'auteur a choisi d'en faire un néo-christ, mais cela manque tout de même de profondeur ! Faire du symbolisme pour faire du symbolisme, c'est incroyablement barbant et bateau. Je pense que les fils à papa dépressifs, drogués, en mal de révolte et poètes maudits à leurs heures libres se sentiront hautement concernés par cette partie du film, mais chez moi, désolée ça n'a pas pris, j'ai même été profondément attristée par cet étalage de laisser-aller .

La deuxième fin est sans aucun doute la plus sympa. Là, Octave devient un Tyler Durden Français. il renie la société de consommation, mieux, il la combat d'une façon bien salace, il fait foirer la campagne publicitaire pour laquelle il avait été embauché. Là, les situations sont drôles, la machination qu'il met en place pour ridiculiser ce monde qu'il déteste et qui a détruit sa vie est terrible. La fin, figurant un retour à l'état de nature est très belle visuellement et philosophiquement. C'est là le seul moment du film où l'auteur réussit à faire quelque chose de profond.

Autres points positifs : L'humour. Là, les situations sont cocasses, l'ego surdimensionné d'Octave vous régalera. Le monde de la pub en prend en coup, c'est délectable.
Le visuel : L'esthétique du film est tout simplement géniale, colle bien à cet univers basé sur la paraître, l'image. La scène de course-poursuite en dessin animé est un grand moment de délire visuel.
Jean Dujardin : Trash, génial, sublime.

Alors en résumé. Si votre esprit de bobo embrouillé est en mal de révolte, regardez ce film. Ce sera pour vous une véritable masturbation visuelle et intellectuelle du début à la fin. Si vous cherchez des choses plus profondes que la masturbation, allez me chercher Fight Club qui propose une réflexion beaucoup plus intéressante sur la société de consommation. 99 Francs n'est pas un mauvais film, loin de là, il manque juste ce petit quelque chose dans la profondeur qui en aurait fait un film de génie, et universel.



VirgoJ
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le 19 avr. 2012

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