Ne nous voilons pas la face, c'est une croqueuse d'hommes !
Premier film de la réalisatrice iranienne Ana Lily Amirpour, "A girl walks home alone at night" est un film de vampire dont le synopsis m'a interpellé. Pourquoi ? Parce qu'il parle d'une buveuse de sang voilée qui, tard la nuit dans une ville fictive d'Iran, s'en prend aux hommes et les suçote goulument à la mode transylvanienne. Bon, par contre contrairement à ce que je pensais, ce n'est pas un film d'horreur. Il y a certes quelques mises à mort mais le gros du film tourne plutôt autour d'une idylle entre la mangeuse d'hommes et un bellâtre au sang chaud.
Ce qui m'a frappé d'emblée avec ce film, c'est qu'il est en noir en blanc. Oui, ça ça m'apprendra à aller voir des films sans trop me renseigner au préalable...Mais bon, le bon coté de la chose c'est que le procédé est parfaitement employé et colle bien à l'atmosphère si singulière du film. Une atmosphère tout en silence et en esthétisme. Car oui, le film se veut très contemplatif et la réalisatrice n'y est pas allée de main morte. Certains diront que c'est surfait, que c'est creux voire matouvu (après tout, ça se passe dans le pays du Chah d'Iran). Possible. Mais il n'empêche que les plans, souvent fixes, sont léchés et plongent le spectateur réceptif au procédé dans l'ambiance.
Après, un concept et un esthétisme singuliers, ça reste un peu léger et ce ne sont pas les quelques dialogues du film qui vont tenir le spectateur en haleine. Bien au contraire. Heureusement les deux acteurs principaux sont convaincants et convaincus de ce qu'ils font. Ils sont même touchants. D'ailleurs en parlant de chant, la bande son éclectique, enivrante et dépaysante cueille sans problème le spectateur qui n'a que la beauté des images à laquelle se raccrocher. Car oui, je le redis, au-delà du parti-pris de mettre une femme sur le devant de la scène dans un pays comme l'Iran, "A girl walks home alone at night" n'a pas grand chose à raconter.
Je préviens tout de même que ce n'est pas un film féministe. C'est une histoire d'amour surnaturelle avec une vampire qui, par certains cotés et à cause de certains plans, rappelle parfois un peu Batman dans les ruelles sombres de Gotham. Ce film, c''est surtout l'occasion de découvrir une réalisatrice qui a le sens de l'esthétisme et qui, selon moi, mérite qu'on garde un oeil sur elle à l'avenir. "A girl walks home alone at night" est une oeuvre attachante, dotée d'une B.O. pêchue mais qui ne vampirsera probablement pas les foules. Et puis soyons honnêtes, Iran portera pas un Oscar...