Ce film est le troisième de Takeshi Kitano en tant que metteur en scène et en terme de qualité, c'est déjà du très lourd. On retrouve déjà toutes les caractéristiques qui feront son cinéma à venir.
On obtient donc des plans très longs et silencieux, une mise en scène contemplative et des personnages atypiques.
Bien plus encore qu'habituellement chez Kitano, les personnages sont silencieux. Certes, le personnage principal est sourd et muet mais c'est bien l'ensemble de tous les actants qui se retrouvent silencieux face à la beauté et l'impressionnante mer, pouvant parfois se révéler comme un danger. L'immensité se contemple sans voix.
Face à elle, pour accompagner le mouvement des vagues et les multiples tentatives du jeune sourd-muet à grimper sur sa planche, il fallait une mise en scène calme et contemplative. Kitano le remplit parfaitement. Les personnages sur la plage sont toujours filmés dans des plans rapprochés alors que tout ceux qui se retrouvent sur l'océan à surfer ou à essayer le surf sont pris dans des plans larges, nous les distinguons au loin dans l'immensité, se fondant avec la mer pour ne former qu'une goutte dans cette immense masse d'eau.
Plusieurs thèmes sont abordés par le cinéaste: tout d'abord, il y a le thème de l'amour à travers les deux personnages centraux mais la passion du surf semble mettre en danger l'équilibre et l'harmonie que le jeune couple avait pu créer. Elle le suit partout mais n'acceptera pas forcément tout. Pourtant, nous ne verrons jamais d'énervements. Les regards et les non-dits suffisent pour faire comprendre quelque chose. Ensuite, c'est l'histoire d'un jeune homme différent qui parvient à se faire une place dans la société à travers sa passion, à se créer des liens d'amitié avec des gens même s'il ne peut communiquer avec eux. Pour cet homme, cette passion méritera d'être vécue à fond et jusqu'au bout.
Kitano a l'excellente idée de travailler les seconds personnages et de ne pas les oublier. On notera en terme de défauts que l'oeuvre souffre de problèmes de rythme (mais au fond ce n'est que son troisième film). Mais c'est fortement pardonnable et on obtient un bon film contemplatif et poétique.
batman1985
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le 6 mai 2011

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