Le meilleur film de James Cameron. De loin.

Au moins la touche personnelle y est assez forte : l'idée originale, qui amena ensuite une novellisation par Orson Scott Card, et des personnages forts, du moins à l'aune du film d'action hollywoodien moyen. Les visuels sont très réussis, et certaines scènes ont leur place dans une anthologie de l'Hollywood des années 80-90, comme le moment où le scaphandre de Bud s'emplit de liquide amniotique.

Les qualités du film sont évidentes, aussi je ne m'y attarderai pas. Voyons les points faibles : un happy ending niaiseux (c'est un des rares cas où le director's cut rajoute de la guimauve) ; on retrouve le travers des blockbusters américains : des acteurs qui jouent à casser de l'équipement très coûteux, histoire de flatter le cowboy qui sommeille dans chaque spectateur, et aussi de frimer lors de la conférence de presse et du making of ; le personnage de Bud commence comme un Américain lambda, populaire, et acquiert à la fin le sublime d'un chevalier de la table ronde (un travers courant dans un pays censé haïr toute forme d'aristocratie) ; le film pourrait sembler a priori féministe, avec une Lindsay assez hawksienne, mais la dernière demi-heure laisse sous-entendre qu'elle est finalement bien contente d'avoir un homme pour la protéger... dommage ; surtout, des scènes trop longues (la réanimation de Lindsay ; les dialogues extatiques à propos des aliens ; l'invraisemblable poursuite entre les deux submersibles) ; enfin, le film a assez peu de suspense : l'ennemi, pendant tout le film, est clairement l'environnement naturel, mais il aurait pu être intéressant que les aliens soient au départ plus inquiétants : le spectateur sait très bien [[Warning : spoiler]] à la fin que leur tsunami n'est qu'un bluff.

Malgré tous ces travers, Abyss sort du lot et a tracé une voie nouvelle dans la Science-Fiction. C'est de loin le film le moins régressif et le plus original de l'immodeste James Cameron : je le place légèrement en dessous d'alien, pour toutes les raisons précitées.