Agora a clairement de bonnes raisons de diviser les opinions tant il est aisé d'apprécier ou non selon l'humeur les dangereux raccourcis qu'il prend, comme le rôle de pureté inébranlablement candide et utopiste que Rachel Weisz y tient ou encore les motivations très primaires de Davus en guise de contrepoint facile ou encore la détermination limite caricaturale d'Iniatius. Tout comme l'évidence des théories scientifiques décrites participent ou non à l'émerveillement naïf face à la beauté de l'univers, aussi faciles soient les raccourcis, aussi basiques soient les théories développées, elles captivent ou non par la beauté simple et la conviction avec lesquelles elles sont démontrées, le seau qui tombe du haut du mât en est la parfaite démonstration, merveilleux instant pour Hypatie car tout cela est encore inconnu en ces temps obscurs, ou minable comme le voit Oreste, tant l'expérience n'a rien de spectaculaire ou d'utile pour quoi que ce soit.

Plus que le simple péplum religieux, l'affrontement facile de la sagesse philosophique contre la folie de la foi ou une fresque historique étrangement engagée, c'est le point de vue omnipotent du spectateur observant le microbe Homme se démener autour d'une irradiante Rachel Weisz, perchée très haut à nos côtés, qui fait la force d'Agora, la foule. Les travellings aériens terrassant de sens y sont extrêmement révélateurs du point de vue du réalisateur. Il n'y a pas de méchants ou de gentils ou de moments historiques véritablement pris à parti ici, si ce n'est la destruction de la bibliothèque, juste des hommes qui se battent pour leurs idées dans un contexte chaotique, où le danger est permanent, où tout le monde est si possible placé au même niveau, de l'esclave chrétien à l'empereur sur la brèche, où tous avancent liés par leur époque dans un monde dont on palpe comme jamais toute la présence, la taille et la fragilité, notamment par l'imposition des vues orbitales et de la ville elle-même, Alexandrie, magnifiquement reconstituée. Parallèlement, Iniatius ou Davus tous comme les autres jouent avec une sincérité et un engagement évidents d'une grande beauté d'âme. Les plus belles idées valent bien qu'on se batte pour elles jusqu'au bout et Rachel Weisz est bien assez belle et magnétique pour que je suive éperdument son beau regard sur le monde.
drélium
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le 28 nov. 2010

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drélium

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