Aguirre, la colère de Dieu est un classique du cinéma allemand. Il retrace le moment où les conquistadors de Pizarro sont partis à la recherche du pays d'El Dorado, pays fictif aux richesses infinies inventé par les indiens pour que les Espagnols se perdent dans les méandres de l'Amazonie.
Les soldats, lourdement harnachés, s'enfoncent donc dans la jungle, accompagnés d'esclaves péruviens et de dames dans leur belle toilette et leurs chaises à porteur. Les conditions étant difficiles et incertaines, l'expédition doit s'arrêter et envoyer des éclaireurs pour voir si ça vaut le coup de continuer. Pizarro nomme ainsi Ursua, un noble espagnol, et Aguirre, un soldat aux yeux bleu acier rongé par la folie. Ce dernier va vite prendre la tête des opérations.
Le début est certes un peu lent, et Herzog filme certaines choses avec un peu trop d'insistance (ce plan fixe sur les remous de l'Amazone...). Le sang qui coule a la consistance et la couleur d'une mauvaise peinture. Et entendre des conquistadores et des indiens parler Allemand, c'est troublant, vraiment troublant.
Mais ce ne sont là que de bien petits défauts tant le reste est éblouissant. Déjà, les scènes de radeau sont époustoufflantes (mais comment ont-ils pu filmer ces scènes, en pleine Amazonie?). Cette descente du fleuve, hypnotique et envoûtante, ressemble à une malédiction, tandis qu'un ennemi invisible tue en silence un à un les membres de l'équipée. Cette descente est en même temps une vraie descente aux enfers, menée en sous-main par Aguirre, qui conduit ses hommes à la folie de vouloir posséder, s'approprier des terres, légitimer la propriété par le simple passage, courir après de l'or qui n'existe pas et qui n'a aucune valeur lorsque l'on est loin de la société. Cette soif d'or et de pouvoir, cette folie meurtrière, tellement humaine...
Ce film fait partie de ceux qui marquent, assurément.