J'avais été subjugué par The Lost Patrol de John Ford, le premier à développer cette belle idée autour d'un ennemi invisible qui décime un par un tous les membres d'une patrouille de soldats perdus dans le désert. Biblique l'inspiration !


Aguirre est têtu quand il explore. Ivre de ses rêves d'or et de renommée, il se laisse ronger sous l'armure par la convoitise et l'orgueil démesuré du monstre d'arrogance qu'il est. Se voyant déjà régner sans partage sur l'Eldorado, il voudrait être Dieu en toute simplicité. Un Dieu dont il va réveiller la colère à mesure qu'il descend ce long fleuve de mystère. Symboliquement le cours de son existence. Aguirre la traverse en devenant de plus en plus lent, de plus en plus lourd (la gravité le visse littéralement à ce radeau de la méduse), de plus en plus fou... Un fragile équilibre qui bascule définitivement dès lors qu'Aguirre se retrouve seul, abandonné de tous, encerclé par une forêt aussi muette qu'impénétrable. Comme face à lui-même. L'occasion d'ouvrir enfin les yeux et de courber l'échine. Respectueusement. On ne se présente jamais devant Dieu autrement que nu comme les vers en gestation dans nos entrailles. Pas même un pantalon, Aguirre n'emmènera rien avec lui...


Ce film est une école de la vie. Indispensable pour apprendre l'humilité.

Créée

le 20 janv. 2016

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