janv 2010:

Petit plaisir. Il m'est apparu récemment, allez savoir pourquoi, que cela faisait bien trop longtemps que je n'avais pas vu Alien et qu'il était temps que je le redécouvre. Il est vrai que le temps -il y a si longtemps- et la médiocre qualité du visionnage -vhs pourrie et recadrée- avaient sans doute creusé un profond fossé dans ma mémoire et mes sens, écart que je pouvais dorénavant combler. Un passage à la médiathèque Fellini et c'est reparti. Petit plaisir de revoyure en conditions presque optimales : la copie n'est pas restaurée, par conséquent non exempte de ratures et autres scories habituelles. Mais les couleurs et les contrastes sont satisfaisants, le cinémascope est respecté.

Et c'est donc parti pour 1h30 de suspense, de tension, avec une superbe immersion dans le révolutionnaire film de Ridley Scott qui crée un sous-genre, le huis-clos sf horrifique dont vont s'inspirer un nombre de ses collègues par la suite.
Si les effets spéciaux sur les déplacements des vaisseaux dans l'espace laissent un brin à désirer -l'aspect maquette y est beaucoup trop visible- la création artistique sur les décors et sur l'alien sont encore prodigieux d'ingéniosité, d'originalité aujourd'hui. Un monde, un univers, une esthétique, que l'on avait jusque là jamais vus, sont apparus. J'ose? J'ose! A l'image de la transformation léonienne du western, Scott et son équipe créatrice ont complètement bouleversé l'image lisse, proprête et quelque peu artificielle du film spatial de science-fiction en imprégnant ce film-là d'un réalisme que l'on croirait volontiers naturaliste. Les fils pendent. Les mecs ne sont pas rasés. Cela suinte. L'atmosphère créée par les créateurs d'Alien n'est à nulle autre pareille et on est seulement en 1979!

En revoyant les premières scènes réunissant toute la distribution, on se prend à songer qu'elle est tout de même injustement sous-estimée dans les critiques où l'on met plutôt en avant le monstre, Weaver, le Nostromo et la réalisation de Scott. Du moins est-ce l'impression que j'ai. Quoiqu'il en soit, on a là une floppée de foutus bons comédiens, Hurt, Stanton, en tête. Même Kotto, acceptable dans le James Bond (Live and let die) apparait ici d'une aisance choucardement efficace.

Beaucoup s'amusent à décortiquer les problématiques des films du genre afin d'y trouver des théories socio-philosophiques plus ou moins foireuses et parfois sensées, exercice qui n'a rien de détestable bien au contraire, mais j'avoue que cette séance dvd a bien plus été marquée en ce qui me concerne par la recherche d'un plaisir pûr de cinéphile, sans intellectualisation du film. Aussi suis-je bien en peine à l'heure d'aller donner du sens à cette claustrophobique histoire -le monde déjà globalisé en plein marasme depuis le début des années 1970 pourrait être une donnée à avancer- et puis surtout j'ai bien davantage envie de garder de ce spectacle la simple image d'un film sortant de l'ordinaire, un spectacle rythmé magnifiquement, au suspense millimétré, un très bon thriller cosmique et puis c'est tout.
Alligator
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le 30 mars 2013

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