Premier film de Sam Mendes, American Beauty vise haut et frappe fort. N'en n'étant donc qu'à ses prémices, le metteur en scène nous gratifie ici d'un film personnel qui est maîtrisé de bout en bout.


La maîtrise, c'est probablement ce qui qualifie le mieux American Beauty. Maîtrise du sujet, du scénario, des acteurs, de la construction des personnage, mais également de la musique. Tout ici a une réelle importance, chaque image, chaque plan révèlent des éléments à prendre en compte. Le film regorge de bonnes idées, il déroute et gêne, mais il captive et fait même rire.
Paroxysme de la comédie dramatique, American Beauty nous propose une sorte d'épisode de Desperate Housewives sur deux heures, nous sommes donc dans le quotidien de la famille Burnham, le père joué par Kevin Spacey est un homme plutôt minable, qui n'a pas forcément réussi dans la vie, sa femme et sa fille le voient d'ailleurs comme un moins que rien. Son épouse Carolyn (Annette Bening) est quant à elle une femme pétillante et ambitieuse, elle serait l'exact opposé de son mari si elle parvenait à réussir dans sa carrière, ce qui n'est pas le cas. C'est également une femme qui vit dans un univers stéréotypé au possible, et c'est d'ailleurs pour cela que le film rappelle Desperate Housewives, car Carolyn fait étonnamment penser au personnage de Bree Van de Kamp. Et puis il y a la fille, l'adolescente mal dans sa peau, interprétée avec brio par Thora Birch.


Le scénario est excellent de part sa simplicité et son réalisme. La crise de la quarantaine, la dislocation d'une famille, l'adultère etc... Le scénario est donc servit par des personnages excellents, et bien pensés comme dit plus haut. Mais tout cela après tout c'était suffisant pour faire un bon film, cependant ce qui rend American Beauty si exceptionnel, c'est le souffle que lui donne le réalisateur. Le film est indéniablement personnel, et d'ailleurs l'un des personnages pourrait parfaitement être le miroir du réalisateur : Ricky, le jeune voisin qui voit le monde à travers l'objectif de sa caméra. Ce personnage externe à l'histoire principale est un peu comme le témoin de tout ce qu'il se passe, au départ perçu par le spectateur comme un parasite dangereux, ce personnage gagne en profondeur lorsqu'il se dévoile. Il est un peu le reflet de Sam Mendes dans le sens où il est là avec sa caméra, et filme continuellement, le moindre fragment de vie, le moindre détail qui pour lui a une dimension différente, soit belle, étrange et bien plus encore. C'est un peu cela le travail d'un réalisateur aussi, c'est parvenir à filmer le naturel pour le rendre passionnant, et Ricky à travers sa caméra nous le montre parfaitement.
Ce point-ci montre également que Sam Mendes réalise ici un film personnel, le tout est un peu comme une sorte de défouloir, et on ressent vraiment une sorte de nostalgie dans la réalisation, comme si on nous livrait quelques bribes d'un passé inoubliable. Le tout étant ponctué par une musique juste, qui rappelle une douce mélodie que l'on aime garder en tête, tout simplement car elle est le fil qui retient des souvenirs que l'on veux garder pour toujours.


Voilà, American Beauty c'est ça, c'est une plongée intime et fascinante, emprunte de mélancolie mais également d'humour, ce n'est pas une descente aux enfers, le film n'est même pas défaitiste, c'est simplement une chronique sur les quelques mois de la vie d'une famille d'apparence banale.

Créée

le 18 déc. 2012

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E-Stark

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