Un film que j'ai vu acclamé, que j'ai vu référencé, servir d'exemple, cité. Des bonnes critiques, mais aussi des mauvaises. Et l'impression que j'en ai c'est que ce film est simplement génial. Un pur chef d'oeuvre, c'est du génie.

Dès le début on tombe dans une atmosphère totalement délirante, j'ai l'impression par la folie du personnage d'être vraiment dans une sorte de cartoon, c'est euphorisant et complètement fou. Un délire, un trip meurtrier, une folie contagieuse qui donne en vie de danser. Devant l'atrocité de ses actes Bateman nous fait presque mourir, de rire. Le délire du type est contagieux. On nage dans une sorte de tragi-comédie, pas grecque du tout, mais complètement barrée. Comme un peu, pas dans la même veine, mais Le Grand Saut des Cohen. C'est un film où tout peut arriver dans la mesure du ridicule et de l'incompréhensible, c'est un film de tarés. Franchement je l'ai pas vu passé, j'ai vraiment aimé et on sent que les acteurs ont bien kiffé aussi.

La réalisation est vraiment impeccable, et alors que le scénario et le jeu d'acteur partent dans de la folie, ben la réalisation reste diablement efficace, sobre, classique, avec un regard parfois orienté afin de masquer l'intrigue, des passages assez géniaux, comme le cadrage sur la télé quand il film ses ébats, ce se sont des métaphores, des constructions très intéressantes sur ce que représente les actes de notre psychopathe. Beaucoup d'intensité, mais aussi d'humour. Un second degrés pas nécessaire, mais jouissif. Je dis pas nécessaire car en fait c'est une vision déformée de la réalité, il faut avoir de l'humour, mais pas seulement. L'humour permet dans ce film d'atténuer la réelle violence des scènes, quelle soit physique, verbale, ou simplement imagée.

Quand je parle de violence imagée c'est par des scènes comme celle où on découvre la froideur mortuaire de l'appartement de Bateman. Un appartement blanc, sans profondeur, sans personnalité, enfin si l'expression d'une personnalité inexistante qui laisse la place à un vide plus qu'envahissant. La sensation de néant existentiel habite brutalement le quotidien de Bateman, son insignifiance, son vide, son existence quasi inutile (car on ne peut dire qu'une existence est inutile) . L'aisance technique se ressent aisément. Des plans assez déstabilisant, des angles simples, mais oh combien expressifs. Dans le sens où nous placer dans certains axes nous fais devenir témoin participatif, la faute à notre potentiel voyeurisme curieux nous ne signalons pas le danger aux protagonistes. Nous faisons office de témoin privilégié, de complice car notre regard justifie le crime et la violence. l'exposition d'images propres et sans bavures fait ressortir le manque de netteté de notre système de pensée. La perversion dont nous faisons preuve nous est présentée dans un miroir, celui de Bateman.

Qui est Bateman? Alors ça pourrait paraitre bateau de se poser la question, mais sans ce questionnement prendre la mesure de ce personnage devient compliquer. Il est tout le monde et personne. Qu'il soit un homme d'affaire pistonné par papa ou je ne sais quoi, un meurtrier par exemple, ben on s'en moque. Le seul but est de se rendre compte de la part de pulsions maladives dont il se trouve être la victime. Il n'est pas un prédateur, il est l'instrument d'un monstre plus ignoble que lui, la pulsion. Bateman est pourtant un héros, il n'est pas comme ceux qui l'entourent se voilant la face de leurs envies cachées ou enfouies, il n'a pas besoin de drogue, ni d'alcool, ce ne sont que des buts pour chasser ses proies. Il 'entretient, il se fait beau, son corps est parfait. Comme pour mieux cacher la laideur qu'il veut enterrer. La superficialité de son être n'a de comparaison avec l'immensité de sa frustration. Un héros pour qui on s'apitoierai presque. Mais non parce qu'il est notre semblable et que la non maitrise de soi est un défaut de la société, péter une durite n'est pas autoriser. Mais à ce moment-là il ne faut pas pousser à bout les individus. Je ne clame pas la folie sanguinaire, juste stopper l'exigence des masques de la société.

L'image est nette pour nous dévoiler ce que lui est un meurtrier, mais les autres sont ouvertement, des drogués, des alcooliques, des prétentieux, des envieux, des haineux, des opportunistes. L'ensemble des personnages est malsain, et finalement la primitivité de Bateman se révèle être son humanité, reconnaitre l'existence de quelqu'un en le tuant est la plus grande reconnaissance que pourrons recevoir l'ensemble des individus détestable qu'il côtoie. On en vient plus à les détester eux, ceux qui l'acculent, que lui. Bien évidement ce n'est pas une solution. Faisant preuve de rationalité et comprenons bien que tuer n'est pas une alternative, bien sur. Bateman est comme un animal acculé, il n'a pas la raison pour sortir de cette impasse, le meurtre est un exutoire et bien que sa santé mentale semble bien mal en point chacun nous réservons une part de nous même à toutes sortes de folies.

En conclusion le symptôme Bateman est en réalité le problème d'une société aseptisée, qui ne regarde que ses pieds ou ceux des autres pour y voir la valeur des pompes qu'il porte. Regarder par terre ou soi même n'est au final plus une option mais l'expression d'une servitude. Les espaces quasi clos en permanence montrent bien la non possibilité d'échappatoire. De même la folie et la non pudeur de ses actes (quand il trimballe le cadavre ou poursuit la fille dans les couloirs de l'immeuble) démontrent bien la dimension de néant et d'absurde qui règnent, bien que dans sa globalité Bateman nage dans un délire total. Et en le voyant nous ne sommes pas normaux pour autant.
TheDuke
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le 13 avr. 2013

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TheDuke

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