Je savais en me rendant à la projection d' "Amour", le dernier film du réalisateur autrichien Michael Haneke, que, comme d'habitude, ce ne serait pas une partie de plaisir. Le thème de la fin de vie n'est pas vraiment vendeur et ce n'est pas un hasard si la promotion du film s'est surtout portée sur le retour à l'écran de Jean Louis Trintignant et la performance d'acteur qu'il accomplit avec Emmanuelle Riva.
Précédé d'une rumeur de grand film émouvant et tire-larme, "Amour" semble être le long métrage incontournable de cette rentrée qui plus est auréolé de sa palme d'or à Cannes (il n'est pas sur que cela aide la carrière de ce film...).
J'ai vu le chef d'oeuvre et je dois dire que.... je ne sais pas quoi en penser. Cela débute par une scène qui ne laisse augurer rien de bien drôle : L'entrée de force dans un appartement où repose le corps en décomposition d'une vieille dame. Puis, retour en arrière, avec un très beau plan de salle de spectacle où assez vite nous repérons les deux acteurs principaux qui s'apprêtent à écouter un concert de piano. A l'issue du concert nous les retrouvons claudiquant pour lui, épanouie pour elle, dans une vieillesse partagée avec lucidité, humour et tendresse. Là, j'ai commencé à tiquer. Grand appartement hausmannien, échanges stylés et érudits avec beaucoup d'attention, de patience, ce couple là a atteint le nirvana de l'amour après 50 ans de vie commune (l'âge de leur fille). C'est peut être trop beau pour être crédible surtout de la part de Michael Haneke qui nous avait habitué à plus d'âpreté. Puis vient le premier AVC d'Anne, et le lent processus vers la maladie et l'enfermement progressif de ce couple qui va aller jusqu'au bout, seul face à la mort. C'est bien fait, bien filmé et magnifiquement interprété surtout par Emmanuelle Riva qui donne une interprétation absolument sidérante de la déchéance, de la perte d'autonomie. Rien ne lui aura été épargné en tant que comédienne, les couches, les soins d'hygiène corporelle, les râles, l'élocution des hémiplégiques. Filmée sans aucun voyeurisme, avec empathie, j'ai senti un petit peu trop la performance et c'est peut être ça qui a empêché l'émotion me gagner. Et ce n'est que vers la fin du film, quand tous les deux sont au bout du rouleau, que j'ai retrouvé le Michael Haneke froid et glaçant, celui qui ne se masque pas devant la réalité, celui qui affronte la vie (la mort) telle qu'elle est et surtout sans l'ombre d'un édulcorant. Mais pour moi, c'était un peu tard. Le film était déjà joué.
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pilyen
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le 25 oct. 2012

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