Amour par Courte-Focalefr
L’émotion – le malaise, parfois – que peut créer le film tient peut-être à une constante bipolarité, subtilement et magistralement entretenue par Haneke et ses acteurs : dureté et tendresse, trivialité et grâce, étouffements et respirations. Amour donne l’impression d’être dans le fond mais de regarder vers le haut, vers un absolu. Ou comment une histoire simple sur le papier se mue en une expérience dévastatrice.
Il n’y a rien d’étonnant, donc, à ce qu’Amour suscite des réactions radicalement opposées parfois. C’est une oeuvre qui, en éludant beaucoup de ce qui aurait pu être le contenu d’un film plus classique sur le même sujet, appelle à une « participation active » du spectateur, à ce que celui-ci dépose beaucoup de lui-même (de son vécu, de son imagination, de son ressenti, pour faire le lien entre les séquences, pour s’expliquer les actes des personnages) sur la base donnée par Haneke. Tout en étant maîtrisé, Amour est un film grand ouvert.