C'est marrant. DUrant la première heure je me suis dit que Hanneke était l'un des rares réalisateurs à gagner en maturité avec l'âge, à continuer de s'améliorer malgré qu'il ait déjà tout prouvé. Et puis durant la deuxième heure, c'est la dégringolade.

Première heure parfaite donc. On aborde des thèmes plutôt tabous, sans trop de détours et en plus l'auteur garde ses distances, évite le pathos écoeurant. En résulte de très belles scènes. Je me doutais tout de même que quelques chose risquait de clocher. Le film qui commence par la fin, c'est rarement bon signe. Un manque d'objectif qu'à ce stade il parvient à combler grâce à des personnages forts et des mini conflits qui permettent d'éviter le misérabilisme (des petites victoires de temps en temps qui font chaud au coeur).

Deuxième heure en dégringolade parce que le manque d'objectif se fait ressentir. Hanneke a déjà tout dit dans sa première heure, le reste n'est que répétition voir vide. Ça m'a rappelé ses premiers films où il ne se passait pas grand chose, où l'auteur aurait pu faire un court ou un moyen métrage plutôt que de nous infliger un long et ennuyeux métrage. Une deuxième heure, donc où le nauffrage a lieu et que les personnages ne sauvent plus, impuissants qu'ils sont face au manque de conflits. On évite toujours le misérabilisme, quoique certaines scènes d'agonie auraient pu être raccourcies, mais comme ça ne raconte rien, ce n'est pas vraiment mieux.

Côté mise en scène j'aime vraiment cette épuration. Tout est filmé tellement simplement, avec un tel minimalisme que le moindre conflit résolu a des allures de victoire épique. Pourtant on ne fait jamais que de parler de la vieillesse, du chemin vers la destination finale. Un fond qui colle à la forme, en somme. De plus, l'intrigue est servie par de très bons acteurs et une belle photographie.

Bref, un film intéressant par son sujet et le traitement auquel s'attèle Hanneke, mais qui souffre magré tout de longueurs ; c'est bien beau de vouloir parler de la fin (surtout qu'on s'y identifie facilement), mais il faut aussi avoir quelque chose à en dire. Tout au long du film, je n'ai pensé qu'à une chose : la bande dessinée "Vers la sortie" de Joyce Farmer qui traite de la mise en maison de retraite de parents qui dépérissent ; un sujet traîté tout aussi froidement mais au message plus travaillé.
Fatpooper
6
Écrit par

Créée

le 29 mars 2014

Critique lue 353 fois

3 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 353 fois

3

D'autres avis sur Amour

Amour
Teklow13
8

Critique de Amour par Teklow13

Il y a l'amour qui nait, celui qui perdure, celui qui disparait, et puis il y a celui qui s'éteint, ou en tout cas qui s'évapore physiquement. Si certains cinéastes, Borzage, Hathaway, ont choisi de...

le 22 mai 2012

88 j'aime

11

Amour
guyness
6

Gérons tôt au logis

En fait, ça m'a frappé à peu près au milieu du film. Amour est un remake de l'exorciste. Vous savez, cette angoisse qui va crescendo à chaque appel venant de la chambre. A chaque incursion dans...

le 26 févr. 2013

66 j'aime

24

Amour
Grard-Rocher
9

Critique de Amour par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Anne et Georges forment depuis bien des années un couple soudé et très respectueux l'un vis à vis de l'autre. Ils habitent un très bel appartement parisien dans un quartier bourgeois. Leur vie de...

52 j'aime

34

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

103 j'aime

55