C'est marrant. DUrant la première heure je me suis dit que Hanneke était l'un des rares réalisateurs à gagner en maturité avec l'âge, à continuer de s'améliorer malgré qu'il ait déjà tout prouvé. Et puis durant la deuxième heure, c'est la dégringolade.
Première heure parfaite donc. On aborde des thèmes plutôt tabous, sans trop de détours et en plus l'auteur garde ses distances, évite le pathos écoeurant. En résulte de très belles scènes. Je me doutais tout de même que quelques chose risquait de clocher. Le film qui commence par la fin, c'est rarement bon signe. Un manque d'objectif qu'à ce stade il parvient à combler grâce à des personnages forts et des mini conflits qui permettent d'éviter le misérabilisme (des petites victoires de temps en temps qui font chaud au coeur).
Deuxième heure en dégringolade parce que le manque d'objectif se fait ressentir. Hanneke a déjà tout dit dans sa première heure, le reste n'est que répétition voir vide. Ça m'a rappelé ses premiers films où il ne se passait pas grand chose, où l'auteur aurait pu faire un court ou un moyen métrage plutôt que de nous infliger un long et ennuyeux métrage. Une deuxième heure, donc où le nauffrage a lieu et que les personnages ne sauvent plus, impuissants qu'ils sont face au manque de conflits. On évite toujours le misérabilisme, quoique certaines scènes d'agonie auraient pu être raccourcies, mais comme ça ne raconte rien, ce n'est pas vraiment mieux.
Côté mise en scène j'aime vraiment cette épuration. Tout est filmé tellement simplement, avec un tel minimalisme que le moindre conflit résolu a des allures de victoire épique. Pourtant on ne fait jamais que de parler de la vieillesse, du chemin vers la destination finale. Un fond qui colle à la forme, en somme. De plus, l'intrigue est servie par de très bons acteurs et une belle photographie.
Bref, un film intéressant par son sujet et le traitement auquel s'attèle Hanneke, mais qui souffre magré tout de longueurs ; c'est bien beau de vouloir parler de la fin (surtout qu'on s'y identifie facilement), mais il faut aussi avoir quelque chose à en dire. Tout au long du film, je n'ai pensé qu'à une chose : la bande dessinée "Vers la sortie" de Joyce Farmer qui traite de la mise en maison de retraite de parents qui dépérissent ; un sujet traîté tout aussi froidement mais au message plus travaillé.