Très embarrassant de critiquer ce film qui a fait couler tant d’encre et suscité autant de dithyrambes que d’hégémonies… Alors, commençons par ce qui est simple. Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva et Isabelle Huppert constituent un trio d’acteurs haut de gamme. La réalisation est de la rigueur que l’on connait chez Haneke et sa direction d’acteurs est parfaite. Le propos ? C’est là qu’il y a beaucoup à dire. Quel est-il ? Certains (cf. Pierre Murat dans Télérama) ne l’ont pas vu… donc si Pierre Murat n’a rien compris, c’est qu’il n’y a rien à comprendre… CQFD ! Sauf que Pierre Murat est un gros nul qui sévit dans un journal de merde depuis quarante ans et que ça suffit comme ça ! Le ton est donné dès la première séquence : un couple d’octogénaires, anciens professeurs de musique, rentrent d’une soirée de concert. Entre deux avis sur ce qu’ils ont entendu, le mari dit à sa femme qu’il l’a trouvée particulièrement jolie ce soir. Que s’est-il passé cette nuit-là ? Toujours est-il qu’au matin, la femme fait un ictus cérébral… puis un peu plus tard un AVC sérieux duquel elle reste hémiplégique… puis encore un autre qui la laisse en vie quasi végétative… jusqu’à la fin inéluctable et seule possible. Certains ont jugé (j’emploie ce mot à dessein, il y a des gens qui jugent aujourd'hui, qui savent où est le bien et le mal par exemple) que le langage de ce couple était invraisemblable : entre époux, on ne se parle pas comme ça… ben voyons, en dehors du langage des banlieues, qu’y a-t-il de nos jours ? Pour être crédible, il faut donc avoir l’accent du 9-3 et ne cracher que des expressions vulgaires et pleines de haine dès qu’on ouvre la bouche ? Eh bien non, aimables béotiens, il y a encore des gens qui parlent le « bon langage » aujourd'hui, qu’ils vivent à Paris ou ailleurs… Reprenons : il s’agit donc d’un film sur la sexualité des personnes du quatrième âge, comme on dit. Et c’est sans doute là que le film est insupportable pour la plupart, même s’ils ne s’en sont sans doute pas rendu compte. Assister au spectacle de ces corps usés qui s’étreignent, s’empoignent, en bref se désirent… c’est sans doute trop pour les petites mentalités étroites formatées par des protocoles rigides, religieux ou autres. Et encore une autre, lue au hasard de critiques déchaînées : il n’y a pas d’amour dans le film ! Laissez-moi m’étrangler s’il vous plaît… voilà, c’est fait… L’amour, c’est donc ce produit sucré déversé par les usines d’Hollywood dans les comédies américaines où on a les larmes aux yeux dès qu’on ressent une petite secousse pour un partenaire que l’on va quitter huit jours plus tard ? Ou cet attachement durable qui va au-delà des apparences et du temps ? Encore une : Ah, si Terrence Malick avait tourné le film ! Pourquoi pas Dany Boon tant qu’on y est ? Ou Olivier Nakache ? Ah Intouchables ! Là, il y avait de l’amour hein ? Cela s’appelle de l’ironie, bien sûr… j’ai tenu dix minutes devant les vomissures de L’Arbre de vie et Intouchables ne m’a rien touché ! Allez braves gens, je vais me coucher. Juste avant de finir : je souhaite être aimé un jour autant que la femme jouée par Emmanuelle Riva l’est par son mari, joué par Jean-Louis Trintignant dans ce film.