Pourtant, j'ai essayé...J'AI VRAIMENT ESSAYE MERDE!

Vous savez, à la veille de 2014, j'avais pris une résolution un peu saugrenue: me lancer dans un cycle Tarkovski...Vous savez, Tarkovski? Un des cinéastes les plus adulés sur ce site, ayant presque toute sa filmo dans le top 111. J'en avais un peu marre de ne pas participer aux nombreux débats autour de lui ou de chaque fois fois me faire remballer par un "Pov' con, t'as vu que Stalker, pourquoi tu parles?" dés que j'essayais de partager mon avis sur son compte. Au moins, en me tapant tout son oeuvre, je serai enfin légitime pour me le faire...euh, j'veux dire, parler à son sujet. Je télécharge donc, en cette soirée de jeudi très pluvieuse, au hasard n'importe lequel de ses films sans même savoir de quoi ça parle.

Au moment de lancer le film, première surprise très désagréable: l'image est dégueulasse, les sous titres font 3 mètres de large et le son est d'aussi bonne qualité qu'un porno slovaque des années 80. Tu vois, le genre de petit imprévu qui avantage le visionnage d'un film que tu redoutais énormément...

J'me dis, c'est pas grave: j'ai eu la même mésaventure avec un Mizoguchi et ça m'a pas empêché de trouver le film magnifique...sauf que là, dés les premières minutes, j'ai direct su que j'allais passer 3 heures éprouvantes rien qu'à cause de la mise en scène: cette foutue photographie N&B super terne et tristounette, ce dépouillement esthétique, ce cadrage sous sédatif, l’inexistence totale de rythme (et de non-rythme), un montage bien lent comme il faut et j'en passe (parfois, on est vraiment dans la pire caricature du cinéma d'art&d'essai, faut avouer). Une petite métaphore pour expliquer mon ressenti à ce moment-là: moi devant la muraille de Chine que j'essaye de passer (illustration de la mise en scène de ce déginglo de russe) et juste derrière le scénario, l’intérêt du film. Vous voyez un peu?

J'étais tellement hermétique au style que je faisais même plus attention à ce que Tarkovski me racontait, je comprenais rien au récit et les personnages étaient pour moi d'obscurs statues identiques les unes des autres qui blablataient de je-sais-pas-quoi. Je commençais même à divaguer, à penser à autre chose (le cours que j'ai séché ce jour-là, la jolie fille sur qui j'ai flashé dans le bus de la ligne 20 la veille, le snack pourrave où je suis allé bouffer, mes longs tifs que je dois absolument couper, le rechargement de mon forfait), à faire des micro-siestes de 20 secondes sans même le remarquer, à planer quoi, une expérience qui vaut bien plus que tous les pétards du monde en fait!

Cette imposante austérité que j'ai retrouvé à tous les niveaux m'a assommé et lessivé comme pas possible! Je m'attendais à me faire chier mais au moins être plongé dans un univers étrange, fantasque, onirique ou que sais-je. Là, excepté deux/trois scènes vraiment belles et poétiques (la séquence dans la forêt, le diaporama final, certains plans de décors et de paysages somptueux etc..), c'est quand même hyper froid et monacal (vous me direz, vu le sujet...)! On passe quand même 30 putain de minutes sur le montage d'une cloche d'une cathédrale quoi!!!

Et je parle même pas des longues scènes de bavardages pompeuses et solennelles qui m'ont toujours irrité au plus haut point dans ce genre de cinéma auteurisant. Même si j'étais complètement à côté de la plaque niveau compréhension de l'intrigue, j'ai pigé que ça parlait en gros de la sempiternelle confrontation entre l'homme, la religion et l'art. Un questionnement hautement métaphysique évidemment, mais qui sans un véhicule d'émotions me semble tout à fait vain pour moi...

A la clôture du film, je suis encore un légume, je viens de passer 3 heures sur orbite, je suis encore dans les vapes et je me prends une bonne éclaboussure d'eau froide dans ma salle de bain en me disant que Tarkovski est définitivement pas fait pour moi...

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le 15 févr. 2014

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Wobot

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