Anomalisa
6.6
Anomalisa

Long-métrage d'animation de Duke Johnson et Charlie Kaufman (2016)

Charlie Kaufman, on le connaît, c’est le mec avec cette tête d’ahuri dépressif, scénariste génial et torturé chez Michel Gondry (Human nature, Eternal sunshine of the spotless mind) et Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovich, Adaptation). Il a réalisé un film aussi (Synecdoche, New York), et puis celui-ci avec Duke Johnson (rien à voir avec ce cher Dwayne). Comme Wes Anderson ou Tim Burton, Kaufman s’est décidé à réaliser un long-métrage en stop-motion, histoire de bien se compliquer la tâche (plus de 118 000 plans nécessaires pour 1h30 de film), qui raconterait, encore et toujours, la vie d’un type en train de se morfondre sur la vie et sur sa vie de la vie de tous les jours (de la vie), le tout en mises en abîme délirantes.


Le type là, c’est Michael Stone, époux, papa et auteur du best-seller Comment puis-je vous aider à les aider ?, en pleine confrontation avec la dure banalité (et réalité) de son existence. Lors d’un congrès de professionnels des services clients où il doit intervenir, seul et un peu perdu dans ce grand hôtel impersonnel, il rencontre Lisa qui pourrait s’avérer être l’amour de sa vie, le vrai, celui qu’il attendait pour pallier à son désespoir, contrecarrer sa solitude. Parmi les mêmes voix, parmi les mêmes visages qui, de partout, l’assaillent et l’entourent, parmi la monotonie de son quotidien où tout se ressemble, où tout se norme, où tout se trouble, Michael rencontre Lisa, timide et imparfaite, mais différente. Unique, c’est là l’essentiel.


Anomalisa, c’est un peu Lost in translation à Cincinnati, ou un Bird people en marionnettes. Un tel projet a évidemment de quoi intriguer et enthousiasmer, à la base, sauf qu’il ne se passe rien de nouveau sous le spleen kaufmanien décliné une fois de plus jusqu’à la lie (broyer du noir, faire la gueule, se remettre en question, faire le point…). Si l’animation procure d’abord son petit effet d’étrangeté, elle indiffère à la longue en offrant d’étroites perspectives à l’ensemble desservi par un scénario flapi (un comble pour Kaufman), trop souvent confiné dans la chambre de Michael où peu d’enjeux parviennent à se distinguer du matériau d’origine, pourtant emballant : montrer que l’amour nous fait sentir nous-même, et que le bonheur ne serait, quoi ? Qu’un instant volé, volatile ?


Article sur SEUIL CRITIQUE(S)

mymp
5
Écrit par

Créée

le 1 févr. 2016

Critique lue 1.7K fois

25 j'aime

mymp

Écrit par

Critique lue 1.7K fois

25

D'autres avis sur Anomalisa

Anomalisa
CableHogue
6

Persona

Anomalisa est un bon film-concept. Cependant, comme tout film-concept, il obéit à une mécanique qui, bien que finement élaborée, ne tient qu’un temps. La première demi-heure est absolument...

le 30 janv. 2016

69 j'aime

7

Anomalisa
Cultural_Mind
8

La valse des pantins

S'il est un film qui porte la désillusion en bandoulière, c'est forcément celui-ci. Parce qu'il ne cesse de scander l'inassouvissement, notamment familial et amoureux, mais aussi parce qu'il exploite...

le 12 mars 2017

25 j'aime

Anomalisa
mymp
5

Spleen 'n' puppet

Charlie Kaufman, on le connaît, c’est le mec avec cette tête d’ahuri dépressif, scénariste génial et torturé chez Michel Gondry (Human nature, Eternal sunshine of the spotless mind) et Spike Jonze...

Par

le 1 févr. 2016

25 j'aime

Du même critique

Moonlight
mymp
8

Va, vis et deviens

Au clair de lune, les garçons noirs paraissent bleu, et dans les nuits orange aussi, quand ils marchent ou quand ils s’embrassent. C’est de là que vient, de là que bat le cœur de Moonlight, dans le...

Par

le 18 janv. 2017

179 j'aime

3

Killers of the Flower Moon
mymp
4

Osage, ô désespoir

Un livre d’abord. Un best-seller même. Celui de David Grann (La note américaine) qui, au fil de plus de 400 pages, revient sur les assassinats de masse perpétrés contre les Indiens Osages au début...

Par

le 23 oct. 2023

162 j'aime

13

Seul sur Mars
mymp
5

Mars arnacks!

En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...

Par

le 11 oct. 2015

161 j'aime

25