Quand est-ce que Salvadori fera un mauvais film? Je me pose encore la question après avoir vu cet autre joli film. Quand on ne fait que des jolis petits films, il serait sans doute plus judicieux de retirer l'épithète "petit". D’autant plus ici que le trio d'acteurs joue avec une justesse qui me charme l'œil et l'oreille.


José Garcia est époustouflant. On sait qu’il peut en faire des tonnes, étant volontiers cabotin, expansif, disproportionné. Or, ici, il joue un dépressif avec beaucoup de sobriété, à l'économie. Son personnage est très marqué pourtant par sa douleur, son obsessionnel vague à l'âme aurait pu être une catastrophe dans le jeu. Et José Garcia le maintient dans un réalisme soutenu. C’est un formidable travail d’acteur!


Daniel Auteuil m'étonne encore ! Il est immense, ce gars! On l’a déjà vu jouer sur toutes les tessitures, dans le renfermé comme dans l'excentrique. Ici, il est plus dans la retenue. Je ne sais pas comment s'est passée sa relation avec Pierre Salvadori, comment ils ont construit ce personnage, mais il est fascinant. Auteuil me troue le popotin pour son balancement très délicat, fin entre des émotions contradictoires. Cela donne quelque chose d'extraordinaire, très réaliste, plein de délicatesse, de sensibilité à fleur de peau. Il est très difficile à jouer, luttant contre ses sentiments avec une abnégation et une souffrance intérieure, c’est épatant!


Face à ces deux-là, Sandrine Kiberlain dans toute sa simplicité, dégageant une aura, un charme fou. On comprend tellement bien les deux personnages masculins, subjugués par cette femme! Remarquable d’inventivité cette actrice!


C’est une très belle démonstration de talents que nous donnent les trois interprètes. Bravo! Le film en lui même offre de beaux moments comme si sait si bien en inventer Pierre Salvadori, de la poésie, beaucoup de tendresse et d’espoir pour l’humanité des personnages, un cinéma très intelligent, croyant en l’homme, combattant avec cette force de vie propre à Salvadori.


Cependant, le film n’atteint pas non plus la folie habituelle de son cinéma. On est davantage dans un récit réaliste, avec des personnages plus ancrés dans le réel. Cela reste efficace, d’une belle rondeur et d’une longueur au coeur qui fait les grands films. Voilà, on y est arrivé, c’est un grand film.


Captures et trombi

Alligator
8
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le 5 sept. 2017

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Alligator

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