En 2006, Luc Besson m’avait énormément surpris (en mal). Comment un réalisateur qui possède à son actif des films bizarres (Subway, Angel-A), aux thèmes plutôt adultes (Nikita, Léon, Jeanne d’Arc), avec des scènes un peu érotiques (Le Grand Bleu) ou bien du grand spectacle (Le Cinquième Élément), puisse réaliser un film pour enfants (en l’occurrence Arthur et les Minimoys). Bon, vous me direz qu’il y a également Zack Snyder qui est désormais dans ce cas (Le Royaume de Ga’Hoole après L’Armée des Morts, 300 et Watchmen). Mais encore, Snyder nous avait livré un film d’animation sympathique et surtout visuellement magnifique. Avec ses Minimoys, Besson était très loin du compte, au point que je n’attendais pas vraiment de suite. Mais comprenant que ce film plaise aux enfants, je ne peux donc critiquer la sortie de cet Arthur 2. (ATTENTION SPOILERS !)

Le jeune Arthur va pouvoir retourner dans l’univers des Minimoys, ces derniers préparant une fête en son honneur. Mais un mystérieux appel au secours de ces petites créatures va précipiter le départ du garçon, qui va tenter de rejoindre leur village pour découvrir ce qui s’y passe. Une base scénaristique des plus classiques, prétexte pour renvoyer les jeunes spectateurs dans l’univers des Minimoys. Une histoire, qui plus est, se déroulant en deux parties et donc donnera obligatoirement naissance à un troisième opus pour que la trame prenne fin. Un procédé quelque peu déroutant (déception que le film se terminant de manière brutale) auquel plusieurs sagas s’y sont pourtant prêtées (Retour vers le Futur 2, Pirates des Caraïbes 2, les derniers opus de Twilight et Harry Potter coupés en deux parties). Mais la plupart de ce films restaient entraînants du début jusqu’à la fin. Malheureusement pour Arthur et la Vengeance de Maltazard, le piège se referme aussi sec : le film entier semble n’être qu’une bien trop longue introduction pour préparer le terrain du troisième opus. En clair, à part une course-poursuite anecdotique, il ne se passe jamais rien ! Et blablabla, et blablabla ! Les personnages ne font que parler, apportant avec eux un ennui des plus mortels que chaque spectateur doit subir, en particulier les plus jeunes. On pourrait même croire que le film évite la moindre action (le coup de l’araignée tentant de manger Arthur et Bétamèche). Le premier film allait dans le vif du sujet, ce second tourne constamment autour du pot. Et pour ceux qui attendent une fin un tant soi peu spectaculaire, ils devront se contenter du retour d’un Maltazard bien trop bavard qui arrive à ses fins sans la moindre résistance. Le film se termine donc sur cet antagoniste, agrandi et transposé dans notre monde. Bref, rester sur sa faim reste une bien faible expression.

Et dire que depuis le premier film, rien n’a changé ! Un « divertissement » divisé en deux parties. La première, live (avec de vrais acteurs, de vrais décors…), se montre toujours aussi ridicule, où tout semble surfait (le jeu des comédiens, la niaiserie des situations et dialogues, l’humour à ras les Minimoys, la photographie et les plans de Besson…). Et puis la seconde, celle faite en animation, n'atteint pas des sommets en comparaison avec ce que l’on peut voir du côté américain, chez Pixar et DreamWorks. Bon, je me doute bien que les moyens ne sont pas les mêmes, mais il y a un minimum ! Au lieu de ça, on a encore l’impression de voir des cinématiques dignes d’un jeu de PSOne, avec des personnages à la gestuelle plus que douteuse. Sans parler d’un doublage VF d’une bien trop grande inégalité ! Quant à notre bon Éric Serra, il n’arrive plus à retrouver la flamboyance qu’il avait orchestrée pour la bande originale du Grand Bleu. Pour Arthur 2, c’est plutôt un enchaînement de compositions des plus classiques, insistant trop sur le côté niais du film, allant jusqu’à utiliser des musiques connues pour une question d’ambiance (la « ville souterraine ») ou de référence (« La Chevauchée des Walkyries » de Wagner, brillamment utilisée dans Apocalypse Now). Et surtout, si on est resté tout au long du générique, on se demandera à quoi pouvait bien servir une reprise de « Poker Face » de Lady Gaga, surtout que les paroles restent les mêmes que la version originale (à part un « Ma-Ma-Ma…Maltazard en guise de début).

Arthur et la Vengeance de Maltazard reste sans nul doute l’un des meilleurs exemples pour dire qu’une suite n’était pas du tout nécessaire, enfonçant de plus en plus Luc Besson dans la déchéance la plus abject qu’il soit pour un réalisateur qui avait pourtant connu les beaux jours, et qui ne se contente que de livrer aux spectateurs de piteuses productions, sans âmes ni intérêt, au point de ne plus tourner et ainsi perdre son talent. Et en plus, pour un divertissement visant les plus jeunes, Arthur 2 se révèle être un véritable foutage de gueule pour eux, le film étant d’un incroyable ennui !

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