Dommage que l'ascenseur soit tombé en panne sèche à l'étage chef d'oeuvre !
Cette fois-ci je ne vais pas m'étendre des plombes, mais plutôt tenter d'aller droit à l'essentiel. Je dois dire qu'il y a du bon comme du moins bon dans cet "Ascenseur pour l'échafaud".
Commencons par le positif. Le cinéaste place une sombre histoire de meurtre en plein de coeur de Paris, dont il a brillamment su retranscrire l'atmosphère nocturne. A la manière d'un Robert Bresson, il utilise la logique naturaliste pour renforcer l'aspect tragique des situations, et ça marche. Marquée par une sublime photographie en noir et blanc, la mise en scène est plutôt maîtrisée, surtout dans la gestion des périodes de tension. Encensée de toute part, la merveilleuse bande musicale jazzy composée par le talentueux Miles Davis mérite amplement sa réputation. Elle crée une ambiance mélancolique propice à rendre le désespoir de ces personnages désabusés, pendant leurs déambulations dans la capitale. Cet environnement nous est montré comme froid, impersonnel, sans âme, indifférent aux occupations humaines. Les variations de tons sont particulièrement appréciables. On peux identitifier du comique, du cynique, du tragique, de l'absurde, du dramatique, et tant d'autres encore.
Maintenant les points négatifs. Si à première vue, il a tous les ingrédients de l'excellence, à vouloir trop imposer son style, nombre d'éléments viendront gâcher notre plaisir de spectateur. Notamment les dialogues imparfaits, tantôt trop théatrals, tantôt trop sensuels, tantôt trop simplistes. Grand précurseur de la Nouvelle Vague, Louis Malle ne parvient pas à s'émanciper de ce courant, et se rabaisse à un formalisme stylistique franchement agaçant. Le scénario confus rajoute une dose de lourdeur à l'ensemble, dont on se serait bien passer.
En conclusion, je vous dirais que c'est un polar solide et efficace, un grand classique du cinéma français, que de grossiers défauts nous empêchent catégoriquement de crier au chef d'oeuvre pur et simple.
PS : Le film cumule de nombreuses ressemblances avec deux autres chefs d'oeuvres du genre : "Assurance sur la Mort" et "Buffet Froid". Preuve qu'il aurait pu en devenir un, c'est dommage !