Basil, détective privé est l'un de ces Disney que l'on se passe en boucle étant enfant bien que plutôt méconnu parmi "les grands classiques". Pourtant, on y découvre une ambiance morbide, inquiétante et finalement, une histoire et un dessin animé destiné aux adultes avant tout.

Je me souviens encore de ces après-midi pluvieux où, étant enfant, je détruisais à chaque visionnage la VHS de mes dessins animés un peu plus. Basil, Détective privé est de ces longs métrages d'animation qui ont marqué mon enfance mais dont je n'avais plus qu'un vague souvenir, marqué par l'apparition d'une horrible chauve-souris à travers une fenêtre et la peur ressentie à chaque fois que je regardais.

Et c'est encore le cas aujourd'hui.

Qu'on soit bien clair, Basil, Détective privé, c'est une aventure on ne peut moins commune pondue par un studio aux grandes oreilles en dehors des traditionnels sentiers battus. Là où certains verront en cela une preuve que le film est raté, je vois plutôt pour ma part un petit bijou d'animation.

D'un bout à l'autre, on prend plaisir à voir les références au célèbre Sherlock Holmes et on se demande quel plan machiavélique l'un des méchants les plus emblématiques de l'histoire du cinéma met en oeuvre pour semer la terreur dans le monde (ici l'Angleterre de la fin du XIXème siècle). Toujours très sombre et pourtant doté d'un humour sans faille, Ron Clements nous emmène dans une enquête dans un Londres sombre et brumeux, plus inquiétant que jamais où tout est parfaitement mis en place pour que le spectateur se délecte de chaque détail, de chaque péripétie au travers desquelles ces souris vont devoir chercher des indices, comprendre leur signification et survivre pour que le bien triomphe toujours.

Car si le happy end made in Disney est bien présent, mais on n'est plus dans l'atmosphère niaise au possible de la plupart de leurs productions : le méchant Ratigan tue l'un de ses sous fifres sans le moindre remord et de la façon la plus horrible qui soit, kidnappe la reine d'Angleterre sans aucun scrupule et surtout, se transforme en rat hideux, révélant sa vraie nature et hantant les nuits de tout gosse qui se respecte après avoir vu le film. Ainsi, on ne cherche plus à cacher la vérité aux enfants : tout n'est pas tout beau tout rose. Non. Le mal existe, il est dangereux et surtout, il est difficile à cerner et à combattre. Et le bien, représenté ici par la souris Basil n'est pas blanc comme neige, ne se soucie guère de sa petite cliente, est déprimé et quelques peu dérangé, au point de se laisser abattre au plus mauvais moment et à frôler la mort de justesse.

Il est impossible de passer devant ce film sans penser à la scène de l'engin de mort de Ratigan destiné à Basil et son acolyte, mémorable et rendant hommage de manière grandiose au Sherlock Holmes de Sir Arthur Conan Doyle en distillant par la même occasion une morale très 80's, à savoir, lorsqu'on a des connaissances scientifiques, on peut progresser et devenir très fort très facilement. La facilité déconcertante avec laquelle la souris déjoue ce piège sensé infaillible nous laisse pantois et on ne peut qu'admirer combien Basil est vraiment balèze.

Enfin, et ce sera mon dernier argument pour démontrer que ce film est à considérer comme l'un des meilleurs Disney : la musique. Pas de chansons ridicules et trop enfantines présentes dans toutes les scènes. Non. Juste deux thèmes : celui de Ratigan, pur chef d'œuvre et jouissif au possible et celui du cabaret, chanté par une souris Crazy Horse sexy et qui peut déconcerter l'enfant qui regarde ébahi un spectacle incongru pour l'univers Disney. Deux thèmes inoubliables donc et qui viennent renforcer le film aux meilleurs moments, sans entacher l'ambiance de rêves bleus oui, c'est merveilleux.

Bref, à voir ou revoir absolument pour se rémémorer, succomber une nouvelle fois à la magie d'une animation 2D (avec un soupçon de 3D, prémices des nouvelles technologies à paraître) magnifique malgré une gesticulation parfois rocambolesque des personnages à l'écran et d'une histoire à couper le souffle à plus d'un enfant et même d'un adulte.
Carlit0
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le 28 nov. 2011

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Carlit0

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