The Dark Knight was born.
Marvels, fuyez !
Loin des super-héros américains typiques, geeks fantaisistes et juvéniles, ridiculement moralisateurs et souvent patriotiques, le réalisateur talentueux Christopher Nolan relit avec originalité la légende du chevalier noir Batman. Oubliez tous les clichés du genre. Oubliez tous les repères du genre. Ou presque. Vous pouvez gardez la mort des parents par la cause indirecte du fils (futur héros bien entendu), et ce dernier qui culpabilise de son erreur égoïste, ainsi que l'histoire d'amour romantique habituelle entre le héros et son amie d'enfance. Mais tout sonne juste et l'eau de rose n'est pas au rendez-vous, merci Nolan. Les X-Men, Hulk et autres 4 fantastiques peuvent repartir se faire oublier quelques temps...
Batman ressuscité au réalisme.
L'image de Batman avait tant été souillée par le détestable Joel Schumacher que le pari de faire revivre le chevalier noir semblait à la fois simple et compliqué. Simple tant les dernières adaptations étaient ratées, et compliqué de rendre un film crédible et original. Ce n'était pourtant pas gagné d'avance, mais Nolan n'a pas baissé les bras, il a réussi. Et comment ? Un contexte d'actualité politico-économique captivant, un milliardaire tourmenté et assoiffé de colère comme héros, une réflexion sur le progrès technologique et économique d'aujourd'hui..."Il faut que ça ait l'air réel" avait déclaré Nolan lors du tournage du film. Et ça l'ait. Il faut dire qu'il a tout fait pour : pas de pouvoirs ni fantaisies mais des gadgets et produits dans l'air du temps ; les personnages sont des humains avant tout, avec chacun une part de bien et de noirceur, et dont les actes reflètent leurs pensées, leurs émotions et leurs engagements politiques. Ca paraît réel à un point que même les scènes d'actions, savoureusement surréalistes et aux effets spéciaux plutôt impressionnant, ne paraissent pas si exagérées que ça sur le moment. Bravo, monsieur Nolan.
Métaphore intelligente, hyperbole pessimiste.
A travers ce divertissement de haute qualité, Nolan dépeint par des dialogues remarquables, la métaphore réaliste et intelligente du monde d'aujourd'hui, d'une justice corrompue et d'une société hantée par la peur. Dans Batman Begins, les milliardaires tombent sous les coups de feu des sans-abris paumés de la ville, la mafia a tout les droits et s'enrichie du trafic du drogue, les gangsters gagnent les procès par l'intermédiaire d'avocats corrompus et l'économie s'effondre... tel est le monde d'aujourd'hui, plus ou moins.
Un excellent divertissement aux airs de thriller.
En plus de tout cela, n'oublions pas le principal but du film : nous divertir... et il le fait vraiment bien. Nolan a construit ce film comme un thriller noir et on y retrouve donc beaucoup des éléments du genre ; un prologue aux plans longs et lents filmant un héros profond et complexe, un criminel dangereux et démoniaque, la mise en avant poétique des personnages, une image sombre, des mystères et des révélations, une petite dose de suspense palpitant... Un thriller de haute qualité en tout point, que ce soit par son casting brillant, sa bande-son magistrale signée Hans Zimmer et son image. Son image... Nolan dessine la ville poisseuse de Gotham à l'image de son héros : profonde, sombre et sans fin, sous une esthétique de couleur orangée-apocalyptique délicieusement glauque. Et c'est là, sous la pluie sale, derrière les lumières scintillantes d'une ville malfaisante, sous les grondements de l'orage et des sirènes de police, que la légende peut commencer. The Dark Knight was born.