juil 2011:

Une petite déception devant la relative faiblesse visuelle du Blu-Ray. On prend de ces habitudes avec Criterion! Mais même avec le Blu-Ray des "Barbouzes" vu la veille, superbe, bien travaillé et tellement fidèle aux détails, la comparaison reste peu flatteuse pour celui-ci qui fait bien trop pâle figure. A vrai dire, la différence avec le simple dvd n'apparait pas évidente. Où sont les détails dans les tissus, les textures, les décors, le grain de la peau, etc.? Nette mais peu précise, l'image affaiblit un peu le plaisir du visionnage. Dommage. Passons au film.

Christopher Nolan enlève la poussière que les bêtes successeurs de Tim Burton ont laissé se déposer sur la franchise. Fini le Batman clownesque et multicolore. Re-bonjour le Batman gothique et torturé. Le côté obscur et noir de la chauve souris est à nouveau mis en avant. C'est heureux. Même magnifique.

Cette prédisposition esthétique et philosophique ne se fait en aucun cas au détriment de l'action. Bien au contraire. Si Burton portait le plus clair de son attention à poétiser la ténébreuse esthétique de cet univers, Nolan se rapproche de façon beaucoup plus fidèle d'un style bande dessinée moderne et adulte, moins pop, plus brutal, violent et réaliste si l'on puit dire, quelque chose de métallique, acide, un style dans lequel l'humour est très peu présent, si ce n'est qu'avec une subversion très subtile. La noirceur du trait n'est pourtant pas poussée à l'excès vers le grand-guignol ni non plus vers un romantisme suranné mais bien vers une forme d'action plus contemporaine, chorégraphiée, où l'influence des films de combat asiatiques se fait sentir de manière durable.

Attendu que le film retrace le parcours formateur, initiatique de Batman, la psychologie du personnage est au centre du film. Cette insistance à vouloir débusquer les raisons qui pousse Bruce Wayne à devenir Batman, à en accepter les difficiles conséquences, cette sorte de solitude, de prison sociale, est particulièrement intéressante car elle ne débouche pas sur une réflexion hâtive, factice mais bel et bien solide. Hum, "essentielle" me parait le terme plus adéquat. Le film gagne en épaisseur. Le spectacle n'est pas tout seul. Il y a une belle moelle dans l'os. Et l'on prend d'autant plus plaisir à apprécier l'aspect divertissant et spectaculaire des séquences d'action.

Un premier bémol toutefois : Christian Bale. C'est un acteur que j'ai vu dans plusieurs films maintenant et pour qui je peux affirmer nourrir une espèce de répulsion. "Répulsion" est peut-être excessif. Disons simplement que j'ai beaucoup de mal avec son jeu, trop maigre ou trop gras. Je cherche souvent la justesse chez ce gars sans jamais la trouver. Dans ce Batman, c'est encore plus vrai. Trop impassible et vide, il passe le film en fantôme. Dommage.

Du reste, dans la distribution, seul Michael Caine laisse une grande impression. Peut-être que la direction d'acteurs n'est pas le point fort de Nolan? Ou que je suis un sale chipoteur? Alli, arrête de chipoter!

Dernier point que je déplore : l'excessive longueur du film. La dernière demi-heure n'échappe que difficilement à la lassitude ce qui est un défaut majeur pour un film d'action, et constant dans la filmographie de Nolan. J'ai noté le même problème sur "The dark knight" ou "Inception". Nolan souffre-t-il d'une récurrence à rater ses montages?

Ces deux éléments ne me contrarient pas au point que je sorte du visionnage déçu : j'ai passé une nouvelle fois un très bon moment.
Alligator
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le 19 avr. 2013

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