Bellflower est un drame américain sorti en salles le 5 août 2011 aux États-Unis et mis sur pied par la team Coatwolf. Présenté en avant-première dès janvier 2011 au festival de cinéma indépendant Sundance, il est produit, écrit, réalisé et monté par le californien Evan Glodell, le créateur de la team Coatwolf. Il demeure à ce jour son seul et unique film, son tournage ayant été long, chaotique et très coûteux.


Bellflower démarre dans une petite bourgade californienne tout à fait tranquille et isolée de tout avec deux amis, Woodrow et Aiden, qui tergiversent à propos de la réaction de chacun si une éventuelle apocalypse venait à frapper le monde connu. Woodrow est interprété par Evan Glodell et Aiden par Tyler Dawson. Leur quotidien se résume à écumer les magasins de bricolage comme les sites de ventes aux enchères pour mettre la main sur des pièces rares à l’esthétique diesel-punk dans le but de concevoir des équipements apocalyptiques en prévision d’une hypothétique fin du monde. Dans ce délire-là, le film se paie une imagerie à la Mad Max, saturée de jaune et d’orange, sale et poussiéreuse, à la fois violente et contemplative. Mais en vérité, l’apocalypse sera provoquée d’une bien curieuse manière : par une série de rencontres.


Tout d’abord, Bellflower n’est pas un long métrage post-apo comme ses allures pourraient le laissez croire. C’est un drame intimiste et viscéral qui ne manquera pas de renvoyer à différents thrillers psychologiques ayant pour thème la descente aux enfers et les travers de l’humain qui se comporte en société. Certes, il ne faut pas se leurrer, il se paye une esthétique très road-movie californien mais ses références à Mad Max, si elles ont séduit beaucoup de personnes aux États-Unis, toute sa promo ayant été faite autour des équipements apocalyptiques que construisent Woodrow et Aiden durant le film, beaucoup ont étés pareillement désappointées de ne les voir apparaître que très peu alors qu’elles ne sont que secondaires à l’intrigue.
Evan Glodell n’a pas souhaité réaliser un nouveau Mad Max, il en a juste prélevé l’essence. Ce qu’il a méthodiquement voulu faire, en revanche, c’est nous conter une histoire honnête, de gens sincères qui vivent au jour le jour et à qui la vie fait la cachotterie de déraper et de les confronter à un fléau qui nous frappe tous en tant qu’humains : l’irréversibilité des choses.


Ensuite, si l’aspect diesel-punk du film est dispensable, il demeure néanmoins très appréciable. Les virées sauvages que s’offrent les deux personnages principaux pied au plancher ou armés de leur équipement à travers la cambrousse insufflent une énergie, un élan fougueux au film. Et même si nous n’apprécions pas tous les road-movies, nous avons tous rêvé de partir un jour à l’autre bout du monde pour goûter à la vraie liberté donc son histoire en est assez touchante et ce pour le plus grand nombre.
Bien sûr, Bellflower n’est pas exempt de défauts. Sa réalisation est parfois très expérimentale ; on sent bien que la team Coatwolf a eu du mal à créer certaines séquences. Cependant, on ne peut pas réellement lui en tenir rigueur puisqu’elle a œuvré dans la tradition du home-made.


En conclusion, Bellflower s’avère être un film profondément touchant pour son style, le message qu’il véhicule et la beauté de son geste même s’il n’est pas parfait. Il est impensable aujourd’hui d’aimer le cinéma sans aimer les productions indépendantes de son acabit qui nous régalent chaque fois de belles choses, audacieuses et puissantes, faites avec trois fois rien et qui font vivre des gens, des travailleurs acharnés, des artistes qui ne rêvent que de voir le monde autour d’eux se régaler de leurs œuvres parce qu’ils aiment le cinéma, finalement. Ils aiment regarder et faire des films, même s’ils n’ont pas d’argent, de connaissance ou de soutien. Seuls, ils se débrouillent, s’en sortent. Et pour ça nous devons les reconnaître, les regarder, les acclamer.


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le 27 avr. 2015

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AnarchikHead

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