Ce qui est pratique avec Big eyes, pour peu que l’on soit un connard comme moi qui l’ai téléchargé et le regarde peinard dans son salon un verre de Paulhiac à la main et du Saint-Florentin plein la bouche et qui n’a pas à le subir dans une salle de cinéma entouré de blaireaux qui se croient chez eux ou donnent des coups dans les sièges ou mangent leur pop-corn aussi discrètement qu’une truie refusant d'aller à l'abattoir ou éprouvent le besoin de commenter le film à leur voisin(e) toutes les trente secondes ou consultent leurs mails ou leurs SMS ou likent des photos de plats sur Facebook ou chient leurs conneries sur Twitter, ce qui est pratique disais-je, c’est qu’on peut faire plein de choses en regardant Big eyes, genre tu peux te limer les ongles de pieds ou te refaire l’intégrale Chapi Chapo sur YouTube tant ce machin se pare d’une indigence suprême.

Biopic faiblard de l’artiste peintre Margaret Keane, le nouveau film de Tim Burton ne lui rend ni grâce ni justice. D’ailleurs je serai Margaret, je porterai plainte contre Burton comme elle porta plainte contre Walter, son deuxième mari, pour avoir fait de ma vie un truc aussi insignifiant et aussi laid. Big eyes a au moins le mérite de nous faire découvrir toute son œuvre, ses fameux portraits d’enfants aux yeux disproportionnés et noirs comme de "grands lacs desséchés" qui impressionnèrent même Andy Warhol. À part ça, c’est d’une platitude abyssale (mise en scène, montage, dialogues…) qu’Amy Adams, mollassonne, et Christoph Waltz, agaçant, ne parviennent jamais à transcender un minimum.

L’histoire de Margaret avait de quoi susciter envies et émotions, mais Burton les brise comme on brise des rêves fous. Enfermée dans un mensonge imposé par Walter, usurpateur, profiteur et bonimenteur, simple vendeur immobilier dont elle dira qu’il était un "génie des ventes et des promotions", Margaret se verra peu à peu dépossédée de ses peintures (devenues des posters imprimés à la chaîne, vidées de leur aura intime et dépressive) dont Walter s’attribuera le crédit jusqu’à ce que la vérité éclate. Le tout baigne dans une ambiance chromo épouvantable pleine de couleurs acidulées et chichiteuses (Bruno Delbonnel nous a pourtant habitué à mieux, sur Faust et Inside Llewyn Davis en particulier) qui finit de nous ratatiner dans la médiocrité, là-bas dans le noir, tout au fond (du gouffre).
mymp
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le 11 mars 2015

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