J'ai voulu me forger un avis sur l'incontournable film du début de l'année qui fait couler tant d'encre virtuelle. Hier soir donc, j'ai saisi mon courage à deux mains, ainsi que deux potes (faut pas déconner, aller voir Black Swan tout seul équivaut à une crise de déprime chronique) et j'ai attendu le "chef-d'oeuvre", calé dans mon fauteuil comme une truite dans un banc de thons (véridique).
Autant le dire tout de suite, j'ai failli gerber dès le début, la faute à des plans de caméra très rapprochés, le plus souvent sur la nuque magnifique de Nathalie Portman, certes, mais très rapprochés quand même. En passant, la caméra à l'épaule est très dynamique et assez magistralement utilisée lors des passages de ballet, épargnant le film d'un sabotage génant de Tchaïkovski.
On entre donc dans la vie de Nina, ballerine appliquée, et, comme le souligne sa maman (probablement la soeur des frères Bogdanov), la plus dévouée du rang. Pas étonnant donc que lors de la séléction de la "Swan queen" pour le ballet du très célèbre Lac des Cygnes, l'ingénue tremblote et s'agite.
Après dix minutes de nausées, je respire: le champ s'élargit, on attaque les salles de danse et, Ô miracle, Ô céleste apparition, Ô putain il a un pull attaché autour des épaules, apparaît Vincent Cassel.
Donc, pour la faire court, on le sait, Cassel doit choisir sa "Swan Queen", il va choisir Nina, blablabla cygne blanc/noir, blablabla parano, la méchante qui s'échauffe même pas pour danser parce que c'est trop une rebelle et qu'elle n'a ni dieu ni maître et qu'elle, elle s'en tape si elle se casse une cheville parc'qu'elle existe même pas d'abord, ou si peu, de toutes façons elle est méchante, etc. etc.
Sans raconter tout le film donc, arrêtons nous sur deux-trois détails.
Tout d'abord, Nathalie Portman, elle est vraiment trop mimi, et elle a un popotin assez formidable. Soit. Gros plan accepté. Et moi, ben, je trouve qu'elle joue plutôt très bien, alors même que j'avais regardé en boucle son rap uncensored la veille sur Youtube. Plutôt balèze donc, comme contraste.
Seulement voilà: avec un thème et une B.O bétons, des moyens sans doute larges, le film réussit le pari incroyable d'être une bonne grosse daube. Si seulement le film s'en était tenu au thème de la pression de la ballerine face au rôle principal, de son profil psychologique certainement complexe, du contraste entre les contraintes physiques dans les coulisses et la beauté de la danse, on aurait pu avoir quelque chose de très réussi. Malheureusement, autant le dire : c'est non.
Ce film, du début à la fin, n'est qu'une succession de passages de cul ridicules et bâclés, contrastés par des scènes de scarification, de fractures, de blessures en tous genres, et de plein de trucs dégueulasses axés sur les pieds et les ongles. Tout ce que j'aime, moi qui m'évanouis déjà à moitié lorsque je pense à une chaussure de ballerine, ou de la position du pied de cette dernière lorsqu'elle fait une pointe.
Cassel est immonde dans son personnage et plutôt très mauvais dans son jeu, et n'a absolument aucun intérêt. On se demandera donc quelle peut bien être l'influence qu'il exerce sur Nina, au point de lui donner des devoirs-maison dignes d'un gourou de petites filles prépubères. Certes, Nina est fragile et manque de caractère, elle est plutôt timide et encore une fois très jolie, mais elle n'avait vraiment pas besoin de n'avoir aucun amour-propre (étonnant d'ailleurs pour une ballerine aspirant au premier rôle du Lac des Cygnes).
Le tout ne ressemble donc qu'à un mélange de mauvais goût, de mauvais choix de mise en scène, de mauvais casting (Kunis? Vraiment?), de mauvais cadrage. Ce film est mauvais, tout comme les péons qui sont restés calés dans leurs sièges sans bouger à la fin, pour rester impregné le plus possible de ce magnifique film.
Rallumez la lumière, svp.