« J’ai vu tant de choses, humain, que vous ne pourriez pas croire »

Enfin je l’ai revu. Ce film culte de SF dont je ne cessais de voir les éloges sur sens critiques sans que je ne puisse vraiment agréer. Je n’avais gardé en effet très peu de souvenir de ce film. Oublie d’autant plus incompréhensible maintenant que j’ai permis à ma conscience un nouveau visionnage….

Dès le début, nous sommes happés par la musique envoûtante, un Los Angeles futuriste méconnaissable, sombre, des tours crachant des flammes et des étonnants bâtiments de forme pyramidale. L’humanité a établie plusieurs colonies dans l’espace, appelant les terriens à commencer une nouvelle vie ailleurs, et délaisser la Terre. Les animaux sont essentiellement synthétiques, les vraies sont trop rares. La seule lumière dévoilée est celle aveuglante des publicités, et ne pénètre à travers les fentes des fenêtres que pour mieux révéler la crasse intérieure. La particularité de ce film se perçoit aussi dans la bande son, tantôt mélancolique, oriental, électronique, dérangeante, jazz.

Les replicants nexus 6, exploités comme esclaves dans les colonies, sont les dernières modèles d’androïdes, poussant la perfection si loin qu’ils ressemblent comme deux goutes d’eau aux êtres humains. A tel point que seul un test sophistiqué, le test de Voight-Kampff, permet de les distinguer. Mais la ressemblance ne s’arrête pas à l’apparence, mais aussi à la conscience, aux émotions. Ces replicants sont si évolués qu’ils peuvent même ignorer leur vraie nature et penser qu’ils sont humains. Et inévitablement, de l’attachement apparaît. Deckard est un blade runner, chargé d’éliminer les réplicants, interdits sur Terre. Désabusé et las, il se déplace dans cette ville aux ruelles sordides, parcouru de personnes aux costumes étranges et divers, dans laquelle la pluie s’abat presque continuellement. Il ne restera pas indifférent au troublant aspect humain de ces créatures.

Quelle est la définition de la vie ? « Je pense donc je suis ». Les androïdes sont-ils vivant au même titre que les humains ? Entre amour et haine, le rapport entre un créateur et sa créature est complexe, comme un enfant et un parent (thématique que l’on retrouve dans prometheus). Comme nous, ils craignent la mort, cette cessation d’exister, et tout particulièrement Roy, le leadeur. Méchant ambigu, terriblement charismatique, aux motivations profondes, son face-à-face avec Deckard est un grand moment de cinéma.





Bien plus qu’un film d’anticipation, « blade runner » est une œuvre magistrale, une claque esthétique et auditive, aux qualités artistiques indéniables. Une ambiance de science-fiction à l’ancienne comme on n’en fait plus. Un vrai chef d’œuvre.

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le 9 sept. 2013

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Enlak

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