Les androïdes ne rêvent pas de moutons électriques.
Voilà un film qui n'a pas pris une ride, hormis quelques détails comme les marques "TDK" ou "ATARI" que nous voyons sur des panneaux publicitaires géants et qui sont maintenant désuets, c'est un fait assez rare dans le genre science-fiction. Ridley Scott grâce à un habile et subtil mélange des styles dans les décors, les costumes ou les ambiances rend son film "hors du temps". La date de l'action, située en 2019 ne nous intéresse que peu, voire pas du tout, tant le sujet est moderne et le film réaliste.
On assiste à un film noir dans le monde futur, intrigue somme toute banale, un flic désabusé, solitaire à la recherche des réplicants, des robots parfaitement humains, créés par l'Homme pour le servir...Ces androïdes sont comme nous sauf qu'ils n'ont pas d'émotions, ni de souvenirs et qu'ils ont une durée de vie des plus dérisoires. Esclaves de l'Homme et aussi de leur condition. Il serait terrible de connaître la date exacte de sa mort, c'est ce que subisse les réplicants. A partir intrigue policière, Ridley Scott aborde le film philosophique. La conscience et la mort. Un sujet qui n'est pas sans rappeler " Intelligence artificielle", on trouve d'étranges similitudes entre les deux films qui ont près de 30 ans d'écart. Je me plais à imaginer ce que Kubrick aurait fait d'un tel sujet. Mais Ridley Scott s'en sort très bien en filmant sans artifices ses protagonistes. Mention spéciale à Sean Young et au directeur froid de la Tyrell corporation.
Le réalisateur a travaillé avec force les décors, les lumières pour nous servir une atmosphère sombre, entrecoupée, ça et là, de néons colorés et d'ambiances tamisées au milieu du chaos de Los-Angeles qui ressemble à l'enfer. Les dialogues sont courts et percutants, l'action bien dosée, la réflexion, à chaque plan. Il y a des images qui restent gravées dans la mémoire comme l'appartement peuplé d'automates, cette pluie incessante, cette nuit sans fin. Tyrell est un savant fou, à l'instar de Frankenstein, il a créé des êtres dénués de sentiments mais n'a pas imaginé qu'ils pourraient un jour en ressentir. Il le paiera de sa vie, le fils tuant le père, Freud a parlé ! Ridley Scott n'épargne pas non plus au passage la vanité de l'Homme et sa cupidité; Nos réplicants nous les aimons car ils nous ressemblent beaucoup, dans leurs défauts et parfois par leur absence d'émotion. Qu'il est difficile de voir Sean Young incapable d'exprimer son amour ! D'ailleurs, Harrisson ford n'est pas démonstratif non plus, ce qui nous penser qu'il est peut-être un réplicant lui-aussi : "Avez-vous fait le test sur vous ?" lui demande Rachel...La version director's cut est beaucoup plus ouverte que la version des studios, plus noire aussi, on sait que Sean young a été épargnée mais que va t-il advenir d'elle et du blade runner désormais ? Nul ne le sait. peut-être vont-ils continuer à rêver, non de moutons électriques, mais d'un autre monde, humain celui-ci.