Plutôt agréablement surprise par ce Blanche-Neige et le Chasseur.

Déjà, Blanche-Neige, ça a jamais trop été ma came, surtout après le Disney, certes cultissime, mais mâtiné d'une idéologie vraiment ringarde à base de "un jour mon prince viendra" chanté en faisant le ménage... A tel point que l'enjeu principal de Blanche-Neige, désormais, c'est de tenter de raconter l'histoire en la dépouillant de sa phallocratie alarmante (une des tentatives les plus récentes est le méta total et foutraque de Once Upon a Time sur ABC ou la comédie light façon Mirror Mirror avec Julia Roberts). Ici, je m'attendais à un récit relativement inepte et incohérent, blindé de SFX et servi par une Charlize Theron au poil - et les affiches du métro n'avaient rien fait pour me rassurer si ce n'est que j'étais étrangement hypée par ce casting. On est pas loin de ça, mais j'ai trouvé l'histoire plutôt réussie et servie par un premier degré assumé assez salvateur, qui donne un souffle épique au conte des Frères Grimm.

Alors c'est vrai que le concept de sourire semble totalement étranger à Kristen Stewart et elle ne fait pas vraiment le poids face à Charlize Theron (bon sang, Charlize !), et Chris Hemsworth continue de me convaincre, à jouer avec son statut de resident "gros bras décérébré", pour mieux retourner le cerveau du spectateur en une scène. Et certes, les SFX sont réussis mais tirent Blanche-Neige du côté de la fantasy emo (notons au passage que l'influence des choix visuels de Peter Jackson il y a 13 ans semble désespérément durable). Certes, j'ai entendu le public ricaner quand il y avait des animaux bizarres et des fées (mais last I checked, quand on va voir un *conte de fées* au cinéma, il faut s'attendre à y trouver des éléments merveilleux, justement)...

Certes, enfin, l'histoire a quelque chose de violemment réac, si on y réfléchit un peu. L'imposture vient d'une roturière (Theron) qui s'élève, contre les lois de la Nature, au rang suprême, quitte à détruire un royaume, par vengeance contre une société de caste - seems legit to me... In fine, le Salut vient de l'héritière légitime (Stewart), du sang pur, yada yada, bienvenus dans un conte écrit au XIXe siècle en plein sursaut contre-révolutionnaire. Le récit conserve des tonalités très Ancien Régime option "Monarchie de Droit Divin" (même si on notera au passage qu'il est question que le peuple choisisse la reine qui lui semble légitime).

Reste que le twist apporté par cette version le rend malgré tout incroyablement moderne tant les personnages féminins y sont empowered. J'ai ainsi passé la moitié partie du film à me demander quel était l'intérêt de flanquer la Princesse du Chasseur, anecdote relativement rapide du conte d'origine (par pitié, il la laisse s'enfuir et rapporte à la reine le cœur d'un animal, au revoir le chasseur). Pourquoi lui, et surtout, pourquoi partage-t-il le titre avec Blanche-Neige ? De façon assez inattendue, l'écueil du triangle amoureux avec le prince est évité, et c'est tant mieux. Contrairement au récit habituel où, via le schéma de la demoiselle en détresse, Blanche-Neige finit sauvée par son prince, qui l'épouse, et *lui* donne la légitimité pour devenir Roi, dans ce film, c'est une toute autre chose qui est en jeu. Point d'attente du Prince Charmant ici, et il n'est jamais vraiment question de marier Blanche-Neige. Il s'agit au contraire de lui faire rencontrer son peuple et de la faire advenir en tant que reine (avec une tonalité un brin Jeanne d'Arc meets Elisabeth Ière au passage). Il ne s'agit donc pas de sauver Blanche-Neige mais que cette dernière sauve son peuple. Et l'amour qui unit Blanche-Neige à ce Chasseur est de cet ordre : c'est l'amour entre un homme du peuple et une Reine, celui d'un homme à terre qui reprend espoir. In my book, une histoire solide, portée par des personnages forts bien interprétés, ça rentre dans la charte du film loin d'être mauvais.

Le salut du film vient donc du Chasseur et rien que pour ça et pour la magie de voir Blanche-Neige siéger seule sur son trône, sans besoin d'un Prince en guise de béquille, c'était chouette et ça mérite un smiley souriant. Kudos.
VirginiA
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le 23 juin 2012

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VirginiA

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