Yves Boisset à la réalisation, je lance le film en m’attendant à un truc assez sympa. Au casting, Tcheky Karyo, il a une gueule et il envoie s’il y a besoin, il faut juste qu’il soit cadré sinon il peut vite se laisser aller dans le cabotinage gratuit. Face à lui, Lambert Wilson, qui endosse la veste du truand, vu sa gueule d’ange, j’me dis que ce n’est pas forcément un bon choix, mais pourquoi pas.
L’affrontement entre les deux hommes aurait pu être énergique, mais il se contente d’être très longuet. Entre les deux coqs, se ballade Myriem Roussel, mignonne mais pas aidée par un script qui se contente de la présenter comme l’archétype de la casse-pied marquée par un trauma débile. Dans le genre j’en fais des caisses pour pas grand-chose, la demoiselle se pose et quand elle se fend d’une envolée lyrique pour appuyer la métaphore du triangle amoureux qui la concerne, on se bouche les oreilles, sa montée dans les aigus a quelque chose de désagréable.
Bleu comme l’enfer, c’est un peu comme un cassoulet en boite premier prix. L’odeur met en appétit, mais à la dégustation, on se rend vite compte de la supercherie. Ici, pendant 10 minutes on se dit qu’on va avoir le droit à un petit polar hardboiled 80’s. Pour le côté eighties, on est servi, la bande son fait le taff, ça y a pas de doute. Pour le polar hardboiled par contre, on repassera. A moins qu’entendre une gamine relativement irritante se plaindre au téléphone parce qu’elle n’a que du pain dur à boulotter vous fasse frissonner, il va falloir vous rabattre sur la douzième rediff’ de Koh Lanta pour vous injecter votre rasade de suspens.
En bref, pas grand-chose à voir, un Yves Boisset transparent, qui ne vaut que pour le ridicule amusant de certaines scènes, c’est toujours ça de pris.