Deux tueurs à gages bougent à Bruges. Alors que la purge urge, le juge et bourreau ruse tandis que les balles fusent tel un déluge dans un émouvant et virevoltant grabuge.

Une virée chez les "hitmen". L'anvers du décor. Très succinctement, voilà ce que relate le film de Martin McDonagh. Ce dernier met en valeur cette très belle ville, par une photographie et un montage soignés. On retrouve quelques ingrédients typiques du réalisateur (en même temps sa filmographie est encore assez courte donc bon), à commencer par Colin Farrell, qui, s'il ne tient pas le rôle de l'année, assure dans ce rôle de hitman torturé par une grave erreur, en quête de rédemption et de paix avec lui-même. Brendan Gleeson lui donne la réplique de fort belle manière. "In Bruges" fonctionne d'ailleurs sur une sorte de faux rythme, permettant de nous gratifier de nombre de séquences calmes lors desquelles on suit de savoureux dialogues entre le jeune loup et le vieux briscard, alternant humour débridé et ton grave.

Puis d'un coup, le rythme s'accélère, l'irlandais, enfin, l'interprète principal de l’adaptation libre de K.Dick "Mémoires Programmées", passe en mode "chien fou" et la réalisation s'accorde avec lui en devenant nerveuse à son tour. Ces changements de tons et de rythme soudains peuvent déstabiliser, c'est personnellement un élément auquel j'ai particulièrement goûté à deux reprises chez McDonagh. Loin d'être de la malbouffe, contrairement à ce que son patronyme pourrait laisser entendre, le père Martin nous offre un divertissement passionnant, parfois maladroit comme en témoignent deux ou trois incohérences de ci de là. Ces dernières n'entachent en rien le spectacle, le britannique compensant largement en s'entourant de seconds rôles solides, à l'image de la charmante Clémence Poésy, ou encore d'un Ralph Fiennes toujours aussi classe, et assez drôle malgré son statut dans le film.

Une oeuvre atypique, surprenante par sa simplicité et sa sophistication, sa générosité et son amertume. Un sucré-salé qui n'oublie pas pour autant son propos, n'occulte pas sa dureté ni sa violence. Une belle découverte, avec choc et Beffroi.
Gothic
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le 22 févr. 2015

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