John Hughes était écrivain pour le National Lampoon lorsqu'il déplorait que l'adolescence ne soit pas dignement représentée au cinéma en dehors d'un comique burlesque à la limite du dénigrement. Il a alors écrit un scénario mettant en scène 5 adolescents à fleur de peau confrontés les uns aux autres dans un huis clos de plusieurs heures. Claire, la fille à papa (jouée par Molly Ringwald, la muse de Hughes), Brian, le geek timide (Anthony Michael Hall, dont les talents comiques sont sous-exploités au profit d'un registre beaucoup plus dramatique), Andy, le jock (Emilio Estevez), Allison, la weirdo (Ally Sheedy) et pour finir Bender, le rebelle (on raconte que Judd Nelson, qui pratiquait le method acting, a failli être viré du film à cause de son comportement pendant le tournage)

Ça commence par l'ennui, les vannes potaches, quelques bons mots insolents. Petit à petit s'installe un malaise. Des scènes silencieuses mais drôles, des scènes bavardes mais de plus en plus tendues. La tension croît jusqu'à l'explosion, au climax du film, de la rage d'une génération incomprise, prise dans des insécurités, ses confrontations et ses angoisses. C'est drôle et triste à la fois. S'ensuit une scène de danse réjouissante et cathartique, comme un prélude au fuck you au monde adulte que constitue la lettre qui ouvre et ferme le film.

C'est le teen-movie par excellence, le film qui capte le mieux l'adolescence, le film culte d'une génération d'Américains qui seront à jamais hantés par l'esprit de John Bender. Mais au-delà de ça, c'est 1h30 d'un huis-clos mené de main de maître, au scénario malin qui mélange les tons à la perfection, à l'interprétation convaincante, à l'image chiadée et porté par une bande son culte (un coup à vous faire aimer les Simple Minds). Il est difficile de faire mieux dans le genre.

VirginiA
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le 22 sept. 2010

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VirginiA

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