Les dinosaures débarquent sur grand écran en 1914. Brute Force est probablement le premier à en représenter, devançant de quelques mois le happening de Gertie, film d'animation avec un brontosaure affable (Brute Force sort en mars-avril chez les anglo-saxons, Gertie en septembre). Pendant une vingtaine de minutes, une tribu préhistorique s'engage dans des aventures bon enfant. Il n'y a pas comme dans La guerre du feu (1981) l'aspiration au réalisme et l'acceptation de la crudité inhérente. Le résultat s'apparente donc à un petit théâtre en costumes, profitant des décors préservés de Chastworth, quartier de Los Angeles connu pour ses grottes et vestiges de l'art rupestre.
Cet acquis semble cependant plus symbolique qu'autre chose. Le ton est un peu grivois et l'esprit 'sportif' : groupe des hommes vs groupe des femmes, chasse aux bêtes, bastons en mode 'Astérix'. Brute Force est une sorte de récré pour l'Homo Sapiens bis, au milieu d'une œuvre plus sombre et politisée de la part de Griffith (Les Spéculateurs, Judith of Bethelia). Le divertissement est restreint par la répétitivité des scènes et action. Le film reste dans une lecture de meutes ; le seul élément divergeant est l'embryon d'union romantique, pour la jouer Romeo & Juliette des hommes/femmes primitifs. Finalement la seule attraction solide vient des guest croisés : le serpent et surtout les deux dinos : un wannabee ankylosaure mal emmanché et une sorte de Velociraptor stone.
La même année toujours (1914) Chaplin, en train de se lancer, signera un film comparable avec His Prehistoric Past/Charlot nudiste. Un dinosaure apparaîtra dans Three Ages de et avec Buster Keaton en 1923. La plupart des autres films de dinosaures suivant de près sont signés Willis O'Brien (The Dinosaur and the Missing Link : A Prehistoric Tragedy – 1915 ; R.F.D. 10.000 B.C., Prehistoric Poultry et The Ghost of Slumner Mountain – 1916). Ce spécialiste des effets spéciaux se chargera du défilé de tyrannosaures, tricératops, toxodons et allosaurus du Monde perdu (1925). Il est également connu pour avoir animé le gorille géant dans King Kong (1933). Ces deux-là sont des films-clés pour retracer le développement de l'animation 'image par image'.
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