Nous allons lui faire une offre qu'il ne pourra pas refuser, une fois.

S'inspirant d'un fait divers qui défraya en son temps la chronique belge, Michael Roskam nous plonge dans cette histoire belge pas vraiment drôle, à base de mafia, d'élevage sous stéroïdes et de guerre des familles.

Véritable choc venu du pays des moules frites, Bullhead nous plonge au coeur du trafic de viande de boeuf élevés aux hormones, véritable manne financière pour quelques individus sans scrupules. Le scénario suit le destin de Jacky et Diederik, deux hommes trempant dans ces drôles de combines depuis leur plus tendre enfance. Sombre, violent, sans compromis, il entraîne le spectateur dans cette lutte intestine à travers la tentative de rapprochement entre deux groupes rivaux, entre-coupé de séquences en flash back.

Sombre, efficace, le film alterne avec brio des séquences d'un calme trompeur, durant lesquelles on sent sourdre une violence sous-jacente insoutenable, avec des scènes plus frontales, mais toujours dans la suggestion, dans le hors champ, un peu à la manière d'un Reservoir Dogs. C'est d'ailleurs cette façon de filmer la violence sans vraiment la montrer qui rend certains passages encore plus crus, encore plus difficiles à regarder, notamment lors d'une séquence qui aurait fait hurler Tchaikovsky lui même...

La mise en scène de Roskam est redoutable d'intelligence, trouvant toujours le bon cadrage, le juste mouvement de caméra, et sachant suggérer cette violence sans jamais rentrer dans l'effet facile. Sa façon de filmer le plat pays qui est le sien force l'admiration, et il bénéficie en plus d'une photographie absolument somptueuse, d'une qualité comme on en n'en voit que trop rarement dans ces productions au budget moyen.

Un thriller sombre et musclé, glaçant d'efficacité, dans la lignée du Parrain, LA bonne surprise de ce mois de mars. Parions que les producteurs U.S. ne manqueront pas de nous en pondre un remake dans les prochaines années...
Hyunkel
8
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Créée

le 15 mars 2012

Modifiée

le 4 sept. 2012

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Hyunkel

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