Ce film est impressionnant! D'abord par l'originalité du sujet puis par la façon dont il est traité. La rigueur dans le développement hachuré de l'intrigue exige la patience et l'attention forcenée du spectateur.

Lui-même shooté aux anabolisants, Jacky Vanmarsenille est un agriculteur qui dope son bétail pour le vendre plus engraissé à des traffiquants flamands. Un agriculteur mafieux donc qui interesse la police qui pleure la perte d'un de ces agents.

Ce thrilleur commence difficilement par une apparente absence de lien entre les personnages, mais aussi entre les événements. On ne voit pas bien le rapport entre Jacky, presque autiste, enfermé dans sa masse corporelle et le meutre. Jusqu'à ce qu'on comprenne qu'il s'agit d'une coïncidence avec le retour inopiné de l'ami d'un ancien monde.
C'est là que le thrilleur se double d'un drame personnel qui prend le premier plan lors d'un flash back qui, stylistiquement n'en semble pas. Le procédé est inserré de telle manière qu'une nouvelle configuration surgit, immensément plus profonde et tragique.
La frustration de Jacky, qui a été victime d'une violence indicible parce que sans réel fauteur, devient manque d'oxygène pour le spectateur, habitué au déversoir.
D'autant plus irritant que le personnage est paradoxal. Au lieu de jouir d'une force surhumaine, à l'image des taureaux dopés, il se trouve enfermé dans une infinie tristesse à l'image de l'enfant frêle et délicat qu'il est resté.
Heureusement le monde qui l'entoure n'est pas en porcelaine, bien au contraire. Maffia, traffic d'hormones et trahison sur fond de haine entre wallons et flammands.

Un personnage s'en dégage, Diederick qui, petit, a assité au "massacre" subi par son ami Jacky et, pour des raisons familliales trempées dans l'illégalité, n'a pas pu témoigné en sa faveur.
Ce secret a détruit les deux familles et les deux amis qui se retrouvent par pu hasard. Soufiffre d'un grand ponte, il est aussi indic des deux enquêteurs contre lesquels il tente enfin d'aider son ami.
Le traumatisme prend avec lui une autre facette, celui de la culpabilité qu'il cherche a étouffer par des actes de banditisme qui ne lui ressemblent pourtant pas..

Les images sont magnifiques de cruauté et d'indifférence qui otent toute mièvrerie au pathos extrêmement bien maitrisé.
Matthias Schoenaerts est excellent, saisi dans cette tension jamais relachée entre force et frustration.
Je suis presque heureuse de l'avoir vu après "De rouille et d'os" où je le trouve moins en forme, ce qui m'aurait déçue!!
molliecchart
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le 26 août 2012

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molliecchart

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