Camille redouble par LeSuricateMag
Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs lors du dernier festival de Cannes, Camille Redouble est sans conteste un excellent film. Noémie Lvovsky, actrice talentueuse, scénariste affutée et réalisatrice intelligente, signe ici une comédie à la fois romantique et dramatique. Passée devant et derrière la caméra pour ce film, Noémie a également co-paraphé le scénario de cette histoire romanesque à l’accent divinement réaliste. Ce récit, un peu fantastique, nous livre un regard parallèle à notre propre existence et nous fait perdre, le temps d’une bobine, le sens des réalités pour nous obliger à revivre et ressasser des évènements que l’on croyait avoir perdu derrière nous. Qui n’a jamais rêvé l’espace d’un instant de revivre sa vie passée ou de pouvoir changer celle-ci? Ce chemin rétrospectif négligeant l’avancée inexorable d’une vie, Noémie Lvovsky voulait le réaliser. Si la machine à remonter dans le temps n’existe que dans l’imaginaire, le cinéma pouvait lui procurer un terrain de jeu idéal pour mettre en scène une époque révolue.
Pourtant, certains spectateurs pourraient décrocher par l’absurdité voulue des choix contextuels qu’a donné la réalisatrice à son œuvre. En effet, l’histoire nous conte la vie d’une femme perdue dans une existence qu’elle pense gâchée. Suite à une magie indéfinie, elle se voit replongée dans son adolescence mais en ayant gardé le corps et l’esprit de la femme mature qu’elle était auparavant. Le seul hic, c’est que les personnages faisant partie de son passé la prennent pour une ado qu’elle n’est plus. Cet imbroglio pourrait paraitre loufoque et il l’est. Seulement, l’histoire est très bien construite et on arrive à accepter cet écart fantaisiste comme partie intégrante du récit.
En outre, le film crée chez le spectateur de l’empathie pour Camille. De fait, la réalisation n’a éludé aucun aspect de ce qu’aurait pu vivre celle-ci en revenant dans son passé. Que ce soit la relation naissante qu’elle entretiendra avec son futur ex-mari ou l’acceptation de la mort imminente de sa mère, le film n’épargne rien.
Bref, il est difficile de parler d’un film de ce genre sans en dévoiler tout l’intérêt. Néanmoins, nous vous conseillons de vous rendre par vous-même compte de la qualité de celui-ci et de répondre à la question : Devons-nous revivre notre passé ?
Matthieu Matthys