Je n'ai pas souvenir d'avoir été aussi consterné devant un film de Ridley Scott. Sidéré, par le verbiage insensé auquel on assiste la plupart du temps. Les trois quarts du film donnent lieu à des discussions souvent grotesques, au romantisme mièvre, à la vulgarité la plus épaisse, en passant par la métaphysique de comptoir. Bref, c'est lamentable.

Surtout, ces dialogues ne sont pratiquement jamais crédibles. Personne ne parle comme ça. C'est peut-être là que l'idée de mettre un écrivain au scénario, sans lui expliquer que le film n'est pas une page de bouquin, s'avère tragique.

De fait, on passe un temps fou en tant que spectateur à essayer de comprendre ce que les personnages disent, à se demander où l'on va et pourquoi l'on y va, à chercher du sens dans le nébuleux ambiant. Quand enfin on comprend, on se rend compte de la vacuité de toutes les scènes précédentes. Ce grand vide vous aspire et vous pleurez.

Si on prend ce film au sérieux, c'est une expérience au potentiel de pénibilité assez élevé. Au contraire, si on le considère comme une grosse farce nanaresque, alors on découvre des séquences ahurissantes où le ridicule et les clowneries des personnages prêtent volontiers à sourire. Il faut voir un grand parrain de la drogue déblatérer sur la signification de la mort de façon totalement injustifiée et gratuite. Que dire de cette scène promise à devenir cultissime pendant laquelle Cameron Diaz exécute un grand écart masturbatoire sur le pare-brise d'une bagnole ? Comment Javier Bardem pourra-t-il faire oublier cette coiffure, ces fringues, ce personnage zavattesque? Michael Fassbender et Penélope Cruz ne parviennent jamais à sauver le film : leurs scènes communes sont tout aussi vides que le reste. Quant à Brad Pitt, il joue encore une fois le type arrogant, vulgaire, cow-boy de pacotille, à la coolitude jusqu'au boutiste qu'on lui a déjà vu jouer, personnage plus que lassant.

Bref, j'ai beau chercher, je n'ai rien trouvé à sauver.
Alligator
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le 4 mars 2014

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Alligator

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