Comment Martin Campbell est-il capable de faire à la fois « Goldeneye », très mauvais, et « Casino Royale », excellent ? Je vote pour une prise de conscience, un éveil supra-naturel. À cours de cartouches, il a fallu qu’il trouve des idées et ça marche. C’est brillant, un des meilleurs films d’espionnage de la décennie, fin, réfléchi, enlevé. J’en suis au troisième visionnage et je me régale tout autant qu’au premier.
C’est la fin de la grosse artillerie bruyante et désespérante à coup de mitraillettes surchargées, de canons et de mortiers. Plus d’exploits 1 contre 1000, mais des exploits humains, suants, dangereux. Le corps reprend une place crédible au sein des prouesses physiques exécutées (tant sensuelles qu’explosives) et Daniel Craig, de corps, il en a un ! Brut, épais, musclé, aussi carré que sa mâchoire. Et il en use plutôt bien, cognant, frappant, courant, grognant, caressant ces 2 h 20 de bobines avec un acharnement du diable.
La scène d’entrée donne le ton. Violence brute à mains nues filmée en noir et blanc poussiéreux. Un retour aux origines de l’activation de son double zéro. On est pris. On est tellement loin de la laque Brosnienne. Ici on plonge dans le granit, ça saigne, ça transpire et ça fait mal.
Le générique réalisé en Cell Shading est le plus beau de l’ensemble des James Bond vu à ce jour. Il y a dix idées à la seconde, c’est une merveille d’animation vectorielle sur les couleurs et les sigles des cartes. Une véritable magie. Dommage qu’il soit accompagné d’une soupe musicale infecte.
James le froid, l’égomaniaque à fleur de peau commence juste à faire ses armes. Il se trompe, rectifie le tir, approche la mort, tombe amoureux, se bat, s’accroche. On est avec lui dans ces scènes d’actions spectaculaires lorsqu’il poursuit un yamakasi impressionnant ou lorsqu’il entame cette partie de poker no limit. Psychologiquement fragile, il gagne en confiance et en profondeur tout au long du film. Enfin un scénario intelligent avec une véritable construction, non linéaire, pleine de rebondissements justifiés pour nous amener aux drames. L’écriture est travaillée à l’exemple de la rencontre entre James Bond et Vesper (splendide Éva Green cérébrée) qui joue sur la psychologie intuitive de l’apparence et des premiers échanges sociaux. Qui marque des points ? Que dévoilons-nous de nous-mêmes ?
Un alliage parfait d’action, d’espionnage, de charme et d’intrigue servit par un méchant à la hauteur des enjeux « Le Chiffre » qui verse des larmes de sang.

Totor
9
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le 21 nov. 2011

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