J'ai un peu de mal à comprendre l'emphase critique qui a salué la sortie de ce film pompier, caricatural et globalement antipathique. Oui, antipathique - parce que s'y accumulent un bon nombre des clichés que les critiques ont reproché à Spielberg, parfois injustement, au fil de sa carrière, et qu'ils considèrent aujourd'hui comme autant de merveilles : mise en scène grandiloquente aux effets appuyés (les couchers de soleil flamboyants sur fond de campagne anglaise... eurk !!!), bons sentiments dégoulinant tous les cinq minutes de séquences prévisibles et souvent interminables, happy ending à la limite du grotesque...

Certes, et comme souvent chez Spielberg, il y a d'autres moments impressionnants qui, sans sauver l'ensemble, permettent de sortir de la salle sans avoir trop l'impression d'avoir perdu son temps. Citée par tout le monde, la séquence de fuite du cheval dans les tranchées, son enfermement dans les barbelés et sa libération par deux soldats ennemis fraternisant pour l'occasion, est effectivement magnifique.

Mais pour le reste, quel ennui, et que c'est lourd ! Voir par exemple les passages avec Niels Arestrup en paysan français (parlant anglais avec l'accent français... va comprendre) qui assène à sa petite-fille des leçons de vie d'une mièvrerie indigne de son talent... Ou la plupart des scènes du début, où Peter Mullan et David Thewlis sauvent l'honneur tandis que le jeune Jeremy Irvine s'embourbe dans du gnangnan indigeste...

Bizarrement, "Cheval de guerre" est aussi un film assez pessimiste, où tous les hommes qui approchent Joey, le héros chevalin, ont une fâcheuse tendance à avoir des ennuis, voire à finir mal. Certes, c'est un film de guerre, donc l'ambiance n'est pas franchement à la rigolade, mais il y a quelque chose de presque dérangeant dans cet acharnement à anéantir à tour de rôle les différents personnages approchant la bête.
Seul héros présent tout au long de l'histoire et véritable porte-malheur ambulant, le canasson n'a du coup pas suscité chez moi autant d'empathie qu'aurait pu le faire un héros humain bien campé. Mon manque de passion pour les chevaux y est sûrement pour quelque chose - mais pas que...
A la manière de Joey lancé dans une course en avant absurde, on traverse le film sans se passionner pour les différentes histoires qui le composent, sorte de patchwork maladroit où même la guerre ressemble plus à un élément de décor qu'à une réalité prégnante. Loin, donc, de ce que Spielberg avait réussi à faire dans "Il faut sauver le soldat Ryan" ou "La Liste de Schindler".

Bref, le dernier opus en date de Spielberg - en attendant "Lincoln", qui pourrait être de la même eau... ou pas ! - ne m'a ni marqué, ni séduit, et s'il n'y avait pas l'infect Indiana Jones IV, ce serait pour moi son moins bon film, et de loin.
darthurc
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le 28 déc. 2012

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darthurc

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