La propriété selon Carpenter
Le film a presque 30 ans et semble ne (presque) pas avoir subit les outrages du temps. De plus, alors que ce n’est pas évident dans tous ses films, Carpenter a soigné scrupuleusement sa mise en scène. Il parvient en effet à donner vie à « Christine », à la rendre réellement dérangeante pour le spectateur, et les scènes de tueries fonctionnent toujours parfaitement.
Par ailleurs, Carpenter s’attache à ne pas donner d’explication concrète à son film. Il laisse le spectateur voir ce qu’il veut en Christine. La voiture est-elle possédée par le démon ? Est-elle le diable qui a temporairement pris la forme d’une voiture ? Ou bien est-ce Arnie, son jeune propriétaire, qui laisse son amour pour sa voiture prendre le pas sur sa raison, développe une autre personnalité et, ainsi, rend Christine responsable de certaines de ses actions ?
Comme à son habitude, Carpenter aborde un sujet de société caché au milieu de scènes plus ou moins horrifiques. Il se consacre ici à la possession matérielle, et démontre comment un objet peut devenir le centre de la vie d’une personne pour peu à peu la couper du monde. On aurait préféré que le changement psychologique d’Arnie soit plus détaillé, ce qui doit être le cas dans le livre de Stephen King. Quand on adapte un livre au cinéma, il faut parfois faire des choix…
On pourra également émettre un regret quant à la scène finale, dans l’entrepôt. Elle peut sembler quelque peu bâclée et mollassonne, en comparaison avec le reste du film, réalisé avec beaucoup plus de précision et de rigueur.